Le trajet


Thursday, April 5, 2012

La Grece

Kalimera

J’espere que vous allez bien. Mon sejour en Grece se termine, je suis a Alexandropouli, apres 20 belles journees, en grande partie sous le soleil.

J’ai quitte l’Albanie entre de bonnes mains, c’est-a-dire aux mains de la police. Je marchais, peu apres Bilisht, quand un 4x4 avec 4 flics m’a croise. Demi-tour en pleine route. Me demandent mon passeport. Me disent de monter. Cool. Me conduisent jusqu’a la frontiere. Sympa. Je gagne 10 -15 km et 2 bonnes heures. Pendant la verification du passeport, on sympathise. Ils me proposent meme une cigarette (c’est une autre coutume en Albanie). Je passe la douane. A moi la Grece.

Je revis le “choc” a l’inverse (j’exagere toujours, pour schematiser l’impression). Villes et villages font moins sales, moins “pauvres”. Plus de decharges sauvages, les rivieres sont propres. A part les universels dechets de bords de route, ca change radicalement passe la frontiere.
La premiere ville traversee est Kastoria, apres de sympathiques petites montagnes boisees. L’endroit est vraiment joli, avec un beau lac. Je encontre Manolis qui me propose un lift et me facilite les choses en ville.

Kastoria
A quelques kilometre se trouve un ancien site neolithique, avec un petit village reconstitue et un tout petit musee. Un peu de tourisme...

Ensuite c’est Edessa. La veille d’y arriver, je rencontre Dimitris qui m’heberge pour la nuit. Il etait en train de tailler les arbres devant la maison de ses parents. Il a vecu une dizaine d’annee aux US. Je passe un agreable moment en sa compagnie, a discuter. Nous parlons evidement de la situation de la Grece, comme avec Manolis et beaucoup d’autres grecs rencontres. Comment ne pas en parler.

La vie est tres difficile, meme si on s’en rend pas forcement compte du premier coup d’oeil. 21% de chomage, 40% chez les jeunes. Le double de la moyenne europeene. Le salaire minimum etait de 700-800 euros avant la crise. Il est de 400 euros aujourd’hui. Insuffisant pour vivre. D’autant plus que les prix flambent, avec des taxes plus lourdes. Le Sans Plomb est a 1,80 euros en moyenne ! Dimitris me confiait etre pessimiste. Beaucoup de gens vivent sur leurs economies. Pendant combien de temps ? C’est la premiere annee ou des jeunes sortis de l’universite refusent les premiers postes dans l’administration. Pas assez payes. Impossible de vivre avec.
Un nouveau type de commerce se developpe dans le pays, type AMAP, pour evidemment squizzer les marges.

Apparement Thessaloniki s’en sors mieux qu’Athenes, mais toutes les semaines des magasins ferment, sans etre repris. La consommation en general a terriblement chutee. On assiste a un "debut" d'exode urbain, des gens quittent les villes pour les campagnes. Quand ils ne se suicident pas... Et pourtant, le moral reste bon d'une maniere generale. C'est normal, ils n'ont pas le choix a vrai dire, pour continuer. En tout cas, ca ne change pas leur formidable accueil.
On me confie a plusieurs reprises le sentiment relaye par les medias : la plupart des grecs ne veulent pas de cette aide europeene qu’on leur impose, ils prefereraient se debrouiller seuls. Mais c’est assez, je ne fais que repeter ce que vous savez.


J’atteinds Thessaloniki sans avoir fait tout le chemin a pied. On m’offre un lift de 30-40 km jusqu’a Pella, cite antique ou Alexandre le Grand est ne. Je n’ai pas pu visiter le musee, ferme le lundi mais les ruines sont interessantes. Encore un peu de tourisme...
Pella
Je reste 2 nuits a Thessaloniki, chez Jeanne, jeune etudiante Erasmus, et Igor son collocataire, etudiant egalement. Je renoue avec les joies du RU. La ville est tres sympa, j’aurais aime y rester plus longtemps. Pas mal de monuments. Et un temps de ouf. Journees plus belles que les plus belles journees d’ete en Normandie. J’exagere a peine. C’est la Grece en meme temps. Je rencontre egalement Gael, un francais qui travaille depuis peu a Thessalonique et qui a parcouru a velo la Siberie et toute l’Asie pendant 3 ans. C’etait l’occasion de recueillir de precieux conseils.
L'arche et la Rotonde a Thessaloniki
La tour blanche a Thessaloniki
J’ai fais ensuite une petite digression vers le Mont Athos ou Agion Oros (Sainte Montagne). On m’en avait parle en Croatie. Je m’etais dit, en effet, ca devrait etre chouette d’y aller un jour... On m’en a reparle un peu plus precisement a Tirana. J’avais alors essaye de reserve par telephone, en vain. Du coup, je me suis pointe au Bureau des pellerins a Thessalonique, et suis ressorti avec mon entree.
Mon sejour au Mont Athos meriterait un post a lui tout seul. Rapidement, et pour ceux qui comme moi il y a quelques mois, n’ont qu’une vague idee de l’endroit. Il s’agit d’une region grecque autonome, situee sur la penisule la plus a l’est de l’Halkidiki. Elle est geree par les moines. On y trouve 20 monasteres, certains vertigineux, d’autres epoustouflants, tous merveilleux. Ainsi qu’un certains nombres de “dependances”. Et bien sur le mont Athos.
Seulement 120 orthodoxes et 10 non-orthodoxes par jour sont autorises.Les femmes sont interdites, de meme que les femelles des animaux domestiques (regle aujourd’hui millenaire). On paie l’autorsation de sejour sur le territoire, comme un visa. On est ensuite loge et nourri gratuitement. L’autorisation est donnee pour 4 jours et 3 nuits. On doit changer de monastere chaque nuit. On y accede par ferry.
Dionysiou monastery ou j'ai passe ma premiere nuit, avec le mont Athos enneige a l'arriere plan
Je suis reste sur la cote Ouest. Il y a de belles ballades a faire entre les monasteres. Le temps etait magnifique. Le premier jour, j’arrive au monastere Dyonisiou. Pas le temps de me poser. On me propose d’assister a un office. J’avais mange qu’une pomme depuis le matin. A la fin de la ceremonie, on m’emmene pour manger un peu, seul. Le diner etait en effet deja donne. Souvent avec les moines, mais ca depend des monasteres. Toujours en silence. Et en vitesse, le temps d’une lecture (de la Bible j’imagine). Au son de la clochette, tout le monde se leve. Si t’as pas finis, tant pis... Mais tu peux toujours embarquer l’eventuel dessert ou un fruit en etant discret. L’endroit est magique, propice au recueillement. La nature est peservee. Pour venir, il faut evidement avoir une certaine sensibilite vis-a-vis de la religion, en tout cas ne pas y etre allergique. On peut tout a fait y aller par curiosite, pour decouvrir cet univers un peu hors du temps, pour le paysage, l’architecture et le mode de vie des moines. Avec des offices en pleine nuit a la lueur des bougies. Mais il est quand meme difficile d’y aller en tant que simple touriste. Par respect pour le lieu et les moines. Peut-etre y a-t-il plus d’etrangers l’ete, mais lorsque j’y etais, j’etais le seul non orthodox dans les 3 monasteres. Tous les visiteurs etaient des grecs venus pour un week-end de recueillement et de priere. L’ambiance est evidemment pieuse. J’etais considere comme un pellerin. Je l’etais peut-être d’ailleurs a vrai dire.
L'eglise du monastere Xenophondos ou j'ai passe ma 3e nuit
J’ai ensuite repris la marche vers Kavala, le long de la cote. Tres chouette. Avec le changement d’heure et les jours qui allongent, je peux marcher plus longemps. La barre des 40 km dans la journee est depassee.
En pleine action
En plein repos

La ville suivante est Xanthi que je n’ai fait que traverser. L’influence turc commence a se faire sentir, influence bien presente a Kotimini. Enfin Alexandroupoli ou je suis a present et que je atteint en passant par de la (petite) montagne, par une piste, grace au conseil d’un tcheque chasseur de papillons rencontre dans un petit bled. Alexandroupoli, derniere grande ville avant la Turquie.

Yassou Hellada !

Bonnes pensees a toutes et tous.