Le trajet


Tuesday, October 16, 2012

Le depart : retrospective

C'etait il y a 9 mois !
J'ai trouve par hazard l'article paru dans Ouest-France Calvados. Pour le voir, cliquez ici

Le Kirghizistan

Mais... 
Mais depuis fin juillet, il n’y a plus besoin de visa pour entrer au Kirghizistan, du moins pour les europeens. Je l’ai su fin aout. C’est pas tant le fait d’avoir paye pour rien qui m’embete mais de m’etre fixe une echeance. J’avais regrette d’avoir fait demarre mon visa kirghiz si tard, le 15/09. Mais j’ai bien tripe au Kazakhstan, je vais juste devoir certainement affronter le froid, la neige et la pluie.
Frontiere cote Kirghizistan
Je passe donc la frontiere sans attendre * (j’ai mon lift de side-car !) et arrive a Bishkek quelques jours plus tard. Je me fixe dans une Guest House de travellers. C’est la qu’on se rend compte qu’il y en a des voyageurs dans le coin, traversant l’Asie centrale. Beaucoup de cyclistes. Et beaucoup de francais. C’est le lieu ideal pour avoir pleins d’infos sur les itineraires, les frontieres, les visas...

J’avais prevu de faire ma demande de visa chinois directement au consulat, finalement je passe par une agence. Beaucoup plus simple. T’as juste a payer... On nous fait miroiter un visa express en 2 jours. On soupconne la femme de nous avoir menti pour nous “garder”. Le consul ne delivre plus de visa express aux francais... Le temps d’attente est d’une semaine.
Statue Manas a Bishkek
Bishkek n’a rien d’extraordinaire mais la ville est agreable. De "beaux" et grands batiments d'epoque sovietique. Osh Bazar est le lieu incontournable de la ville, il est agreable de s'y perdre. 

En attendant mon visa, je pars pour le lac d’Issyk-Kul. C’est un enorme lac, le deuxième plus grand lac de montagne du monde après le lac Titicaca. Il est legerement sale, l’eau est relativement chaude. Issyk-Kul veut d’ailleurs dire “eau chaude”. Je m’y baigne pour en etre sur.



Je reviens a Bishkek chercher mon visa. On part a l’agence avec une petite apprehension, certains francais se sont vu refuser leurs visas. Mais on l’a.

Avec ce temps d’attente, je pars pour le lac de Song-Kul fin septembre, ca commence a faire un peu tard. Beaucoup de familles ont demonte leur yourte pour rejoindre les vallees avec leur betail. Je prends un mini-bus pour ne pas perdre de temps, mon visa chinois me pressant un peu en plus de la meteo. Une belle vallee s’etend apres Kochgor. Travaux dans les champs : fenaison, recolte des patates...
"Song-Kul, c'est par la"
Ensuite, le chauffeur s’arrete au milieu de nulle part, a un espece de petit col. Un genre de halte. Des wagons, des gens qui vendent je ne sais pas quoi et qui ramasse le charbon tombe des camions. Le chauffeur me montre les montagnes et me dit : “Song-Kul, c’est par la”. Ok, c’est parti. Une magnifique marche m’attend. Je regoute au Kimiz chez des bergers. J’arrive a Song-Kul apres un col a 3300 m. La descente vers le lac est ensuite douce, ce dernier etant en effet a 3000 m d’altitude. En fait je n’arrive pas tout a fait au bord du lac, je suis invite par des jeunes a dormir dans leur yourte.
La yourte et le lac
Soiree bien sympa.
Mes hotes
Le paysage est juste grandiose. Mais mieux vaut des photos, qui malheureusement ne rendent pas grand chose :







Et le lendemain matin :

Peu apres avoir decolle, je ne vois plus rien, ni lac ni relief. Je m’en remet a ma boussole. C’est bien la premiere fois qu’elle me rend un vrai et grand service. Je rejoinds la piste apres plus d’une heure et demi dans le blizzar.

Song-Kul a vraiment ete une grosse experience.

Je repasse un col a 3300 dans les nuages avant de redescendre dans la vallee de la Narin.
Je continue ma route vers Jala-Abad et passe un autre col, que je finis a l’arrache. Pour ajouter a la difficulte, je ramasse du bois en fin d’ascension. J’ai en effet lache mon rechaud au debut du Kazakhstan. Pas de bombones de gaz dans ces pays la. Je prefere ne pas m’encombrer d’un rechaud a essence. Alors si je veux manger chaud... J’avais prevu de dejeuner au col, j’ai ensuite revu ma prevision et voulu y manger mon 4h. J’y ai finalement campe. C’etait pas plus mal, la vue est belle.

Et le paysage apres ce col est juste epoustouflant.
Derriere moi


Devant moi
J’ai un dernier col a passer ensuite. Dans le dernier village avant le col, on me deconseille de m’y aller, trop de neige, trop froid. Les voitures ne passent pas. Ah bon ? C’est embetant. Mon objectif de la journee est alors de me rapprocher le plus possible du pieds du col et de voir. Dans le genre camps de base avant l’ascension d’un pic... Je marche a pas force.

Avec une bonne platree de nouilles le soir, une bonne nuit de sommeil et une bonne meteo, je m’y engage le lendemain matin (je suis confiant, un engin que je soupconne etre un chasse-neige arrivait du col alors que la nuit etait tombe). Il y a eu effectivement pas mal de neige mais elle a commence a fondre, et le chasse-neige a bien deblaye, des voitures passent.


Et le resultat
Je rejoins ensuite la plaine et Jalal-Abad, un peu epuise a vrai dire. Je suis a “plat”. Je prends conscience que j’ai marche pendant 12 jours sans prendre une journee de repos, avec de gros efforts. A une quinzaine de km de Jalal-Abad, j’accepte un lift. Apres, tout s’enchaine, et je prends un bus pour Osh**, ou je me refais une sante.

Cette marche a ete intense. L’hospitalite des Kirghiz est aussi bonne que celle des Kazakh. On m’invite pour le petit-dejeuner, le dejeuner...
Lors d'un petit-dej
L’approche des gens est un peu differente, la mentalite montagnarde y faisant peut-etre, je ne sais pas. Mais l'accueil est vrai. J’ai emprunte une route ou “beaucoup” de cyclistes et motards passent, ils sont relativement habitues aux touristes (mais pas trop aux marcheurs...). Les enfants sont egalement curieux et viennent me voir, me serrer la main.


Jeune fille venue me parler et me prendre en photo。 Je fais de meme



A Osh il y a 30-40% d’Ouzbeks. Il y eu 3-4 jours de violents affrontements entre des groupes des 2 communautes dans la ville lors de la revolte populaire de 2010. La situation dans le pays calme depuis mais la politique au Kirghizistan est loin d’etre bonne. Les deputes passent leur temps a se chamailler entre eux, pour des raisons d’argent evidemment. Au detriment de la population et des plus pauvres pour qui rien n’est fait. Ceci selon un Kirghiz de Osh.

La montagne Sulaiman-Too ou “Trone de Salomon” est une colline sainte, tres ancien lieu de culte, bien avant l’arrivee de l’islam. Sa forme rappelant une femme enceinte entraine de nombreuse femmes a venir y prier pour leur premier enfant.

Toujours est-il que le panorama sur la ville est chouette, meme si la lumiere le jour ou j’y monte ne permet pas de prendre belles photos.


Au bazar : aucun commentaire sur l'odeur en passant a cote
Le bazar d’Osh, plus “pittoresque” (meme si ca ne veut pas dire grand chose) que l’Osh bazar de Bishkek, est sympa.

Je me degote un taxi a un prix defiant toute concurrence pour Gulcha (la negociation des taxis fini par etre rigolo). Je rejoint la frontiere en camion. Il se met a neiger en montant le premier col apres Gulcha. Le paysage apres Sari Tash est juste splendide (le soleil est revenu), avec une magnifique vue sur la chaine des Pamir et le Pic Lenine (7134 m).

Chaine des Pamirs

J’ai pense un moment quitte le pays sur une petite fausse note : je suis oblige de me battre a Gulcha. J’etais heureux d’avoir pu echapper a ce type de situation depuis le Kazakhstan, ou le risque d’altercation existe. C’est malheureux et decevant. C’est comme ca.
Mais un jeune homme d’une grande gentillesse et d’une grande generosite se charge, sans le savoir au depart, de panser cette petite plaie du coeur en m’invitant dans un minuscule"motel" on ne peut plus traditionnel, perdu sur la route apres Sari Tash.


J’arrive a la frontiere le dimanche midi, je dois donc attendre le lendemain matin pour passer la frontiere. Le soir, je prends conscience de l’endroit ou je me trouve : a la frontiere entre le Kirghizistan et la Chine. Le delire !....

Le Kirghizistan etait pour moi une destination obligee, comme un appel, allez savoir pourquoi. Le film "Tengri, le bleu du ciel" avait surement participe a l'envie que j'avais de parcourir ce pays. Si vous n'avez pas vu ce film, je vou sle conseilles.

A bientot pour mes aventures chinoises.
Bonnes pensees.

PS :Je suis en Chiiiiinnne !Je vous ecris de kashgar。 Selon plusieurs sources, il est de plus en plus difficile pour les etrangers d'acceder aux cybercafes。 Ne vous inquitez donc pas si le blog reste muet plus longtemps que d'habitude。J'aurais ici ou la acces a Internet mais peut-etre pas assez pour travailler sur le blog.



* sans avoir vraiment l’impression de changer de pays, c’est la continuite de l’avant frontiere. Mais la difference arrive bientot cependant. A premiere vue, le Kirghizistan parait plus apuvre que le Kazakhstan. Il n’a pas les ressources minieres de ce derniers (certains Kazakhs reprochent d’ailleurs au president de tout miser la-dessus). Ce n’est pas un hazard si il y a beaucoup d’ouzbeks a partir de Turkestan.
J’ai appris, petite paranthese, que seulement 10% du PIB ouzbek est un vrai PIB, c’est-a-dire honnete et provenant du pays. Le reste vient des expatries et de la drogue. Un certain nombre de Kirghiz travaillent a l’etranger egalement, en Russie et a Moscou notamment.

Le pays semble egalement plus “musulman” que le Kazakhstan, en apparence du moins. Mais ce n'est pas qu'une apparence je pense. Plusieurs raisons expliquent cet etat de fait.

** A nouveau travail dans les champs sur la route : recolte du coton, assemblage en grosses gerbes des tiges de mais. L'image des oiseaux poses sur le dos des animaux, chevaux, vaches, moutons, est particulierement belle au soleil couchant.