Le trajet


Monday, August 20, 2012

Le Kazakhstan, part 1

Salem

J’espere que ca va bien
Ca va toujours pour moi. Me voici de l’autre cote de la Caspienne.

Je suis reste 1 semaine a Baku
Le lundi matin, j’appelle en debut de matinee comme tous les matins depuis que j’ai mes visas. Pas d’info, rappelez en debut d’aprem. A 14h j’apprends qu’il y a un bateau. Faut que je me presente au bureau du port a 17h. Je quittes Firengiz, Lale et Anar un peu precipitamment, apres une ultime tasse de the.
Devant la douane

Je retrouve Yves-Marie sur le port. L’embarquement est prevu a 19h, puis a 20h. On s’approche de la douane, et on attend avec 3 anglais en route pour l’Inde a velo. On attend, sans savoir ce qu’il se passe. A la nuit tombee, ils manoeuvrent des wagons dans le bateau. On attend toujours. On fini par se coucher devant les bureaux de la douane.
A 5h du mat’, on nous fait enfin signe. Tampon sur le passeport, photo, et nous voila enfin sur le bateau. Mais notre espoir de partir bientot retombe, le bateau ne bouge pas.
Notre bateau
On quitte finalement le port a 12h30. Nous sommes en tout 10 passagers, loges dans le “salon” du tanker. La traversee est calme et tranquille, sous le soleil. On croise un veritable ville de 5000 habitants en pleine mer, construite par les russes pres de plate-formes off-shore.

On apercoit la cote Kazakh le lendemain en fin de matinee. 19h de traversee. 
Coucher de soleil en pleine mer

On attend encore 2 heures avant de debarquer. Le passage a la douane effectuee, je prend avec Yves-Marie la direction d’Actau, a 5 km du port. Les obligations administratives ne sont pas terminees, il faut aller au bureau de l’immigration se faire tamponner un petit papier qu’on nous a remis a la douane. Ce papier sera a remettre a la sortie du territoire. Gros probleme si pas fait, ou si papier perdu. Theoriquement on peut pas sortir. Pratiquement, c’est une grosse amende pour pouvoir quitter le territoire kazakh.
Nous sommes stoppe en route par un homme, Anuar, qui nous propose de nous heberger sur les lieux de son entreprise. Il y a en effet des lits de libres ou dorment certains des employes. Evidement, on accepte. C’est une aubaine, a peine arrive.
Avec Kaku et Ali (?) dans le bureau
Le lendemain matin Yves-Marie part pour le centre-ville. Etant a pied, je reste, on nous avait promis une voiture et surtour de l’aide pour nous faciliter la demarche au bureau de l’immigration. Un chauffeur m’y emmene avec Alexander, qui est par ailleurs traducteur. Il m’aidera beaucoup tout le long de mon sejour dans l’entreprise. Je laisse mon passeport, je dois venir le recuperer a 16h. On me prete un ordi avec internet en attendant. Je vais manger avec les employes dans la cantine de l’entreprise situee a quelques km des bureaux. C’est une entreprise de construction produisant du beton arme.

Je suis un peu destabilise. C’est un deuxieme voyage qui commence. Je ne peux plus partir la fleur au fusil comme avant. C’est la steppe, desertique, sans eau. La premiere ville est a 150 km d’Aktav, la 2e a 400. Un ou deux bleds entre les 2 villes. Comme je le disais dans mon billet precedent, de mi-juillet a mi-aout, c’est la pire periode de l’ete. J’ai pourtant envie de passer un peu de temps dans la steppe. Evidement on me deconseille de partir a pied, et on me dit que j’ai peu de chance d’etre pris en stop. C’est la que le velo devient avantageux, avec ses grandes distances sans rien. Mais des francais l’ont fait a pieds. J’en ai parle a certains d’entre vous, de ce projet de tour du monde a pied, et uniquement a pied. Ils ne sont plus que 2 et sont actuellement en Chine. Vous pouvez jeter un oeil sur leur site “Tout en marchant”. Il y a notamment  un article sur la traversee Baku-Aktau.
Ils etaient arrives debut mai a Aktau. Mais la grosse difference est que je suis seul. Bref j’hesite mais finalement je me raisonne.
Devant les bureaux de l'entreprise
Elena me propose de rencontrer des etudiants au lycee le samedi. Je decide donc de rester. Malheureusement c’est les vacances. Une seule jeune fille est present avec 2 profs. Apres un agreable moment en leur compagnie autour d’une tasse de the et d’un morceau de gateau, Elena et son mari Abay me font visiter la ville. Aktau est une ville recente, construite par les russes au debut des annees 60. Ils avaient en effet des installations nucleaires. Aujourd’hui le petrole permet a la ville de beneficier d’une certaine richesse. L’eau potable provient de la Caspienne.
Elena et son fils
La region de Mangystau est particulierement atrayante, avec petites montagnes et canyons. Je me renseigne. On me propose alors d’aller a une carriere appartenant a l’entreprise, pres de Tayshik, a une centaine de bornes au nord-est d’Aktau. De la, on me dit que je pourrai visiter le coin. J’attends donc jusqu’au lundi apres-midi. Je ne fais pas grand chose en attendant. Je me plonge dans le russe, je vais me baigner et je partage le quotidien des emloyes restant la le we. Ils jouent beaucoup aus echecs. Evidement, un soir la vodka est sortie.

Enfin je quittes Aktau, je commencais a ronger mon frein, meme si j’ai passer de bons moments. Je ne pensais pas y rester aussi longtemps. Je pars a la carriere en camion. On emprunte des pistes pour traverser la steppe. Des dromadaires et des chevaux broutent ici et la. On arrive en debut de soiree. On m’attribue une chambre dans les baraquements en metal de la base.



Le lendemain matin je pars marcher. On me fait visiter la carriere en debut d’apres-midi. Yves-Marie me demandais si parfois je ne me disais pas que c’etait n’importe quoi ce qu’on faisait. La, c’est clair, pour la premiere fois reellement, je me fais la reflexion : c’est vraiment n’importe quoi ! Qu’est-ce que je fous la, dans le camp d’une carriere au milieu de la steppe kazakh ? C’est du delire. Mais je fais de belles rencontres : Katia a l’intendance, Rosa l’infirmiere, Natasha la cuisiniere, Aygul qui parle anglais, Viniera, Vassili le responsable du site, et d’autres dont j’ai oublie ou pas su les prenoms.
Je rejoins ensuite Shetpe a nouveau en camion. La je decide de continuer en stop.


Je suis pris par Marat. La route entre Shetpe et Beyneu est non goudronnee et en tres mauvais etat. Marat passe son temps a zigzaguer pour eviter trous et bosses, sans pouvoir les eviter tous. Il y laisse son pare-choc. Faut juste pas etre presse. Mais Marat semble presse. En meme temps, il va a Astana, il a de la route. Et on met plus de 7 heures pour couvrir les 300 km separant Shetpe et Beyneu. L’episode du pare-choc ne le ralenti pas. Au contraire, mais c’est vrai qu’il n’y a plus de pare-choc pour le faire chier desormais.
Je ralie Borankul en fin d’apres-midi. 570 bornes dans la journee, en 3 lifts. Je plante la tente a l’ecart du village. Mon premier bivouac depuis 3 semaines !

J’arrive a Makat le lendemain apres-midi. La un homme s’inquiete de mon sort. La route jusqu’a Kandiagash est egalement en tres mauvais etat. Peut-etre ai-je eu de la chance a Shetpe. L’homme me conseille de prendre le train. Ayant prevu de le prendre, mais un peu plus tard, je suis son conseil. Finalement je ne trouve que peu d’interet a parcourir la steppe en stop. L’homme m’emmene alors a la gare, arrange mon billet pour Kyzylorda, allonge pour me payer une couchette, me file des pommes, un sniker et s’en va. Je n’ai meme pas su son prenom.

Le train part a 20h30. 24 heures de trajet. Les trains kazakh, des diesels, ne sont pas tres rapides et s’arretent regulierement dans les gares ou les passagers peuvent acheter boissons fraiches, glaces, friandises, cigarettes, melons et pasteques, chausettes et bonnets en laine, poissons fumes... vendus par les locaux sur le quai. Le wagon se retrouve empeste de l’odeur de poisson fume apres Baikonour. Je suis en compagnie de jeunes d’origine ouzbek.
Empletes sur le quai
J’arrive donc a Kyzylorda a 20h passes. Je marche plus d’une heure pour sortir de la ville et camper. Je retrouve Maral le lendemain par le biais de Couchsurfing. En fait, elle m’emmene dans leur hotel familial et me file une chambre ! Elle me fait decouvrir la ville, qui fut un temps capitale. Je goute le fameux Shubat, lait de chameau fermente, dans une yourte.
Dans la yourte
Avec Maral


Nazerke et son frere
Je rencontre egalement Nazerke, toujours grace a Couchsurfing. Elle acheve de me presenter la ville avec son frere. Je passe une tres agreable derniere soiree en leur compagnie.
Je quittes Kyzylorda a pieds. J’ai en effet decide de faire le chemin jusqu’a la frontiere Kyrgyz en marchant. C’est comme un second depard, apres celui d’Aktau.

Les 2 premiers jours sont difficiles.
1- Je reprends la marche apres 3 semaines d’arret, depuis mon arrivee a Baku.
2 - Mon sac est lourd. Je me retrouve un moment donne avec 10 L d’eau, dont 5 dans un bidon a la main. Je reduis ma “reseve” de secours dans le sac a 3 L, puis a 2.
3 - Il fait chaud, pas loin de 40oC a l’ombre.
4 - Le terrain n’est pas toujours evident. Je suis la ligne du chemin de fer. Il n’y a parfois plus de chemin, ou juste une petite sente empruntee par les vaches et les chevaux.
5- Pour courronner le tout, je sors tout juste d’une petite creve choppee lors de ma premiere nuit a Kyzylorda.
J’ai pas un pet' d’energie, completement anesthesie. C‘est dur, tres dur.

Chemin a travers la steppe. A droite, un canal
Mais ca va beaucoup mieux le 3e jour. L’energie est revenue. Je commence a etre rode au bout du 5e jour. Mais la marche reste difficile Je n’arrive pas a faire plus de 25 km, 27-28 les derniers jours, bien que je demarre de bonne heure, avant le lever du soleil pour profiter de la relative fraicheur. Je m’arrete entre midi et 1h et reprends entre 4 et 5h. La vegetation change, elle prend de la hauteur, de grands buissons (epineux, si vous voyez ce que je veux dire...) et des arbres apparaissent. Je traverse des canaux, connectes a la Syr Darya. Consequence : le soir, t’es pas tranquille, les moustiques viennent t’emmerder. Apres Zhanakorgan c’est a nouveau la steppe, la voie ferree s’eloigne en effet du fleuve.
Sauran, en arriere plan
Je passe Sauran, une antique cite en ruine sur la route de la soie. On m’offre du the, du lait fermente, un repas, l’hospitalite pour la nuit et meme de l’argent. Les enfants viennent me serrer la main. Les Kazakhs (et les Ouzbeks) sont tres accueillants, tres chaleureux. Ils sont simplement curieux de voir un etranger debarquer, d'autant plus a pieds avec un gros sac a dos. "Mais pourquoi a pieds ?" me demandent-ils.

Quand je ne suis pas trop fatigue, j’observe, apres un splendide coucher de soleil sur la steppe - horizon enflamme se degradant vers le zenith bleu sombre - une magnifique nuit etoilee, avec quelques etoiles filantes.

Ma 2e nuit passe chez l’habitant, je la passe chez Ikhtiyar, d’origine ouzbek. Je le croise alors qu’il est en pause avec 2 autres gars. Ils sont en train de faucher la steppe, pour en faire du foin. Je suis a moins de 20 bornes de Turkistan, il est 17h30, j’ai vraiment envie d’avancer pour arriver le lendemain matin et terminer cette etape. Mais devant son insistance, je finis par accepter.
Ikhtiyar, a gauche
Je monte dans le petit tracteur, on finit de faucher un carre de steppe avant de prendre la direction de sa maison, non loin de la route. La voie ferree s’eloigne... Mais je passe un tres bon moment, un peu trop arrose d'ailleurs. On va a la “bagno”, ou hamam, ou on se lave, se rase etc... C’est gratuit, a l’occasion de la fin du ramadan. Il prend fin en effet le lendemain, jour de fete. Ensuite on mange, on boit un peu...
Ikhtiyar me paie le lendemain le taxi pour Turkistan.

C’etait hier.
A bientot pour la suite

Je vous embrasse

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