Le trajet


Monday, March 12, 2012

L’Albanie

Coucou

Me revoici. Ca va toujours. Voici 2 mois que j’ai quitte Nantes. Ca passe... Et ca se passe bien en Albanie.


L’Albanie. Une petite claque donc je disais. Dans le genre ”rupture”, ou “choc” culturel, sans etre un choc pour autant. Et petite, parce que je ne suis pas en Inde ou en Papouasie.
L’Albanie est un pays pauvre, ou la vie est difficile, avec un taux de chomage eleve, des petits salaires. Le pays s’est ouvert a partir de 1991, apres 50 ans de dictature communiste. L’accueil dans le premier bled apres la frontiere fut surprenant et merveilleux. Surtout de la part des jeunes, enfants et adolescents (meme si un gamin a velo se faisait un peu accrocheur, tres interesse par ma montre et autres merveilles que je pouvais receler, mais c’est rare).

Mosquee de Shkoder
En arrivant, la premiere impression est celle d’un pays vetuste et sale. A vrai dire, le changement commece un peu avant la frontiere. Je vois des dechets partout, des petites decharges sauvages, des cours d’eau crades au possible. Les gens jettent papiers, cannettes et autres dechets dans la rue. Il faut etre honnete, pour un occidental baigne dans une societe de plus en plus soucieuse de son environnement, c’est choquant. Mais le systeme de collecte et de retraitement des dechets n’est pas aussi developpe qu’en France.
La premiere grande ville atteinte fut Shkoder. Pour resumer mon impression : c’est le bordel. Boulevard en chantier, circulation anachique, ville “deglinguee”.
Shkoder n’est pas mise en avant dans les guides touristiques. La ville n’est en effet pas tres belle. A part Rozafa castle, un petit musée sympa, et les excursions dans les environs. Mais pour mon premier jour en Albanie, elle m’a plu, avec son atmosphere et la vie qui y regne. Sentiment d’un petit francais sans doute avide de changement, “d’exotisme”. Car pour y vivre, ce serait une autre histoire je suppose. Je m’y suis promene avec Christian, jeune cousin de Florian qui m’hebergea. Christian ne reve que d’une chose, quitter l’Albanie pour l’Ecosse, ou un oncle vit. Il garde une trace douloureuse de la guerre civile de 1997, une balle recue dans le ventre a l’age de 3 ans. Du reste, beaucoup de maisons sont vides dans les villages, les gens etant partis travailler a l'étranger, en Italie notamment.
Florian tient avec sa famille la seule Guest House du nord de l’Albanie. Il m’a invite, sa Guest House est ouverte a la saison estivale.


Shkoder et le lac Shkodra vu de Royafa castle
Tomaz m’avait prevenu. Les albanais sont tres accueillants, amicaux et chaleureux. Je quittes Shkoder avec un sentimment d’allegresse. Le soleil s’est couche, le ciel se colore, il fait doux, je devine les chaudes soirees estivales. Premier chant de muezzin. Sequence emotion...
Un peu plus tard, l’euphorie est retombe. Il fait nuit. Je marche en scrutant le bord de la route a la recherche d’un coin pour camper. Enfin une opportunite. J’entreprend de grimper une colline. Boue, ronce, forte declivite, glissade, mains ensanglantees. Je trouve enfin un endroit, et plante la tente apres un leger defrichage. Le lendemain, en contre-bas sur la droite, j’apercois une belle “plate-forme” avec un chemin pour y acceder depuis la route. On ne peut pas gagner a tous les coups...

Encore plus qu’en roatie et au Montenegro, on m’interpelle, toute generation confondue. Les jeunes sont tres curieux, et heureux d’echanger quelques mots. On me fait signe de l’autre cote de la route, je traverse. Un homme me salue de son jardin, a au moins 50 m de la route, pendant 10 bonnes secondes. On me demande si j’ai besoin d’aide. On m’invite a boire un cafe. Ce sont les hommes qui m’accostent. Les femmes semblent plutot mefiantes. Normal. En general, elles ne vont pas vers les hommes de toute facon.
Entre Lezhe et Tirana, un homme sort de ce qui s’avere etre un cafe, separe de la route par un grand parking. Je l’avais quasiment depasse. Il me propse un cafe. Que des hommes (la societe albanaise est assez cloisonne, la place de l’homme et de la femme, pour ce que j’ai vu, est celle d’avant les annees 60 en France pour schematiser). Je reste au moins 3\4 d’heure, a discuter de mon itineraire, de foot, de mon ex-job, de Caen, Nantes et ma famille, photos a l’appui. Avec, bien sur, un petit cours de prononciation d’albanais. Moins d’une heure apres avoir quitte le cafe, je pense a m’arreter pour dejeuner. Je suis dans un petit bled. Un homme m’invite a nouveau a boire un cafe. Je me dis qu’a ce rythme la, je ne vais pas avancer. Mais il m’est difficile de refuser cette generosite (il m’est quand meme arrive, par la suite, de refuser). Il s’appelle Pllumb. Il me conduit chez lui, modeste maison de 2 pieces. Il s’en excuse presque. Sa famille est la, les enfants n’ont pas ecole l’apres-midi.

Pllumb et sa famille

Finalement, je reste dejeuner. Nous passons un excellent moment. Je montre a nouveau mon petit album photo. Sa soeur et son neveu, des amis, passent prendre un cafe plus raki. C’est la tradition. Raki aussi en mangeant. Le soir, je manque d’eclater tellement l’assiete etait copieuse. Je suis traite comme un prince. Le lendemain matin, a 6h du mat’, litteralement a saut du lit, la tradition me reveille ; cafe + raki. Je n’ai pas vu venir le raki,  on m’avait juste propose un cafe... J’avoue qu’il est bien passe... Mais au petit-dej, 1h30 plus tard, je refuse, j’ai prevu de marcher... Ils auraient aime que je reste.

Ceci dit, des albanais, ayant vecu ou visite la France, m’ont dit la meme chose des francais, accueillants et chaleureux. Notre regard est different selon notre point de vue.

A Tirana, rien de special a voir, si ce n’est, a nouveau, la vie qui y regne, son atmosphere. Difficile a decrire donc. Comme dans beaucoup de ville de ce genre, il faut y etre, se ballader dans les rues, avec “le bruit et l’odeur, le bruit du marto-piqueur...” et des claxons...
Je rencontre Emre, un jeune veterinaire originaire d’Ankara, a Tirana depuis 1 mois. Je reste 2 nuits chez lui. En centre-ville, l’aspect vetuste n’est plus, normale pour une capitale. Plus qu’ailleurs dans le pays, la richesse cotoie la pauvrete, comme dans toutes les grandes villes. Une petite fille “gypsy”, pieds nuds, chine dans un parc. Un gamin, torse nus, fait la manche a un feu le soir, “malgre le fret et les barbares” (R. Desjardins, pour les non connaisseurs). Barbares, dont je fais parti ? Dans un sens, assurement.
Vue de Tirana de lappart dEmre


J’attire beaucoup le regard. Normal. Difficile parfois a dechiffrer. Entre curiosite, mefiance, surprise. Comme interloque. Ce qui est sur, c’est que, pour beaucoup, c’est pas normal de partir, sac au dos et a pied, parcourir le monde. Mais particulierement pour les Albanais. On me l’a dit, et je m’en apercoit. On me prend certainement pour un urluberlu. Certains cependant sont admiratifs. Du reste, il faut bien l’avouer, c’est, bien souvent, un trip de “nantis”. En tout cas, je n’entends pas me mentir. Vouloir c’est une chose, pouvoir en est une autre.

Le temps est printannier, meme si les nuits sont encore bien fraiches. J’attendais le mois de mars, non avec impatience, mais comme une delivrance. J’y suis, l’hiver est derriere. Enfin je croyais. Il a neige hier soir. Premier objectif “presque” atteint.

Le lendemain de mon depart de Tirana, je ne fait que 3 km. Je me cale de bon matin dans un cafe a Ndroq, recherge ma batterie, fait ma reserve d’eau. Je traverse la route pour faire quelques courses. La vendeuse appelle une jeune fille au-dessus de la superette. Elle parle anglais. Un homme me parle, m’informe sur le chateau non loin. La jeune fille me propose de m’y conduire. Il n’est pas tard, j’accepte. Au bout de 50 m, nous sommes stoppes, un voisin me propose un cafe. On s’installe dans le jardin. Cafe, raki et fromage frais de brebis dans huile d’olive, fait maison. Un regal (il n’y a pas de fromages affines en Albanie, que du fromage type feta. Ceux qui paraissent affines sont en fait assez jeunes). L’homme de la superette, Tafik, nous a rejoint. C’est en fait le pere de la jeune fille, Sarah, et le proprietaire de la superette (et d’un raki... un gout de fleur d’oranger... un truc de fou...). Je suis tombe sur un phenomene, incontournable dans le village. Il est over excite. Nous grimpons sur la colline vers le chateau, a travers ses terres et ses oliviers.
Tafik et Sarah au pied d un olivier, trop vieux pour connaitre son age

Marche bien sympathique. Il me propose de passer la nuit. Et je reste “bloque” 3 jours, cette fois non par la neige et le froid, mais par l'hospitalité et la chaleur humaine. Ils ne veulent pas me laisser partir. Ce n’est parfois pas facile, dans le sens oppose.

J’aurais encore beaucoup a raconter, mais j’ai déjà beaucoup écris, et faut que j’en garde pour mon retour...

Une petite photo du lac Horid quanf meme, plus de 300 m de profondeur par endroit, et ou vit le Koran (et nul par ailleurs), le meilleur poisson des Balkans. Toutes les semaines ou 2 semaines, la reine d’Angleterre se fait livrer...
Liqueni i Horid

Apres Ndroq en effet, j’ai, pour une fois, suivis les conseils que l’on m’a donne, et modifie mon itineraire par 2 fois. Je sentais que c’etait plus sage. Et le temps etait a la pluie, et a la neige en montagne.
Je suis aujourd’hui a Korce, et m’apprette a quitter l’Albanie, sous la neige.
Je commencais tout juste a me familiariser avec l’albanais, je dois maintenant me mettre au grec...

Portez-vous bien
Benoit

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