Le trajet


Tuesday, May 22, 2012

La Turquie, part 2

Salut

J'espere que tout va bien pour vous.
Je vous avais quitte a Antalya. Ville sympa, tres touristique, comme toute la cote d’ailleurs. De vieux quartiers, dont un renove, la “vieille ville “ touristique.
Vue d'Antalya
Je devais rencontrer un jeune couple via Couchsurfing. Je n’en ai pas parle dans mes precedents posts. Une question de Nicolas m’incite a le faire. J’ai pas mal utilise ce site pour rencontrer et trouver un toit cet hiver. Pour ceux qui ne connaissent pas, il s’agit d’un site qui permet, donc, de rencontrer et d’heberger ou d’etre heberge a travers le monde. Il s’agit ni plus ni moins d’une forme moderne d’hospitalite, facilite par internet. C’est surtout pour les moyennes et grandes villes. Merveilleuse idee d’une dizaine d’annee environ. Pour les voyageurs ayant un petit budget, il faut l’avouer, c’est pratique. Tout le monde en est conscient, hote comme invite. Mais au-dela de cet aspect financier (on depense certes moins qu’avec un hotel, mais on depense quand meme. Personnellement je ne me voıt pas arriver sans un petit quelquechose. Sans compter les eventuelles sorties), bref, au-dela de cet aspect, tout l’interet est dans la rencontre et l’echange. Un chouette moyen de connaitre, un pays, une region, une ville (ou de rencontrer des voyageurs des 4 coins du monde pour ceux qui hebergent). De vivre le temps d’un week-end comme les habitants. Et de passer de bons moments. Mais parfois ça foire. Comme a Antalya. Je me suis rabattu sur la plage, a 2 km du centre, apres y avoir passe la soiree. C’etait plutot cool. Chaise longue (je me suis fait jeter a 3h du mat’par un vigile, normal. De toute façon, elle me faisait mal au dos), baignade au petit matin, douche, WC, tout ce qui faut. J’y mettrais 4 etoiles, il manquait les massages avec le cocktail pour la 5e... Je m’y suis tellement plus que j’y ai passe une 2e nuit (aucune nouvelle du couple en fait).
"Ma" plage 4 etoiles
Apres 10 km pour sortir de l’agglomeration et une nuit de bivouac, je me suis remis a faire du stop. Deux lifts pour rejoindre Sedişehir. Le paysage traverse est joli, montagneux. Le jeune (je ne me souviens plus de tous les prenoms, faute de les noter aussitot) m’ayant pris en stop me depose devant un internet cafe. La, on me propose de m’emmener a Konya, mon prochain objectif. Sauf que ça va trop vite. Apres avoir marche la plupart du temps jusqu’en Turquie, j’ai l’ımpression de survoler le pays. On me propose alors de m’emmener au Koğulu Park, a 3 km, pour camper. Il y a d’ailleurs une fete, Hıdrellez Festival, la fete du printemps. Nöman m’y emmene en Harley. Pas tres confortable, avec le sac.
Devant l'internet cafe
 Des concerts ont lieu au parc. Les familles tapent le barbec’. Je me pose pour pic-niquer. On vient alors m’offrir de la viande grillee (ah oui, comme je l’avais predis et comme vous vous en doutez, j’ai tres vite rompu mon regime vegetarien, depuis le 1er jour en fait, suite a une incomprehension - mais j’avais deja fait quelques entorses auparavant. Le vegetarisme n’est pas approprie au voyageur. Mis a part la difficulte parfois, meme si c’etait possible, du moins jusqu’ici, on se coupe d’un aspect social important. Contradictoire avec le voyage que j’effectue), de la viande grillee donc, une pomme, des brochettes de Köfte dans une pita, du the, du pop-corn, une casquette de la ville, des petits pains au fromage et aux epinards pour le soir... Celui que je suppose etre le journaliste de la fete m’interview et me prend en photo. J’ai mon article dans le journal de la ville... Je sympathise avec la famille a cote, responsable de la moitie des dons. On discute, on joue, on danse.
Alors on danse...
 Je joue ensuite au ballons avec 3 enfants, apres leur avoir aide a recuperer leur ballon coince dans un arbre. Deux jeunes, Mehmet et Saiyt Ali, me proposent de m’offrir une glace. Nous squattons un peu plus tard avec d’autres etudiants et une guitare, on danse. En un mot, apres-midi enchanteresse. Le lendemain, a la sortie du parc, 2 policiers municipaux me proposent de me deposer en centre-ville. L’un d’eux est le chef de la police municipale, il m’offre un the dans son bureau. Je passe finalement une 2e nuit sur Sedişehir, au pieds de la montagne. Le lendemain, a force de rencontrer du monde et de boire du the, je quittes la ville qu’en fin de matinee, une 2e casquette sur la tete, cette fois-ci a l’effigie d’une marque de tracteur... Un jeune avocat me prend en stop. On discute toute la route. Le paysage change, les collines se denudent. Il m’avoue que je suis en train de realiser son reve. Pour ma part, je ne consıdere pas vraiment mon voyage comme un reve. J’ai tendance a mettre les reves a un niveau plus eleve, sans pouvoir l’expliquer. C’est plutot un projet. Mais peut-etre etait-ce un reve au tout debut, il y a plus de 10 ans, devenu projet ensuite. J’en sais rien. Mais c’est l’occasion de placer 2 citations que l’on m’a rappele il y a quelques mois :

"Faites que le rêve dévore votre vie afin que la vie ne dévore pas votre rêve."
Antoine de Saint-Exupéry

« La sagesse c'est d'avoir des rêves suffisamment grands pour ne pas les perdre de vue lorsqu'on les poursuit. » Oscar Wilde

On se fait arreter a l’entree de Konya, controle de routine. Le flic ne peut rien faire, pas meme toucher la carte d’avocat que lui tend son proprietaire.
Konya fut la capitale des Seljukides et la capitale des derviches tourneurs. C’est la que Mevlana (ou Roumi) passa la majeure partie de sa vie et y fonda le celebre ordre soufi. Un mausole lui a ete construit, s’entourant par la suite d’un monastere de derviches, transforme au XXe siecle en musee.
Le dome vert : mausolee de Mevlana
  A konya, je me retrouve finalement sans hote, malgre mes bons espoirs. Je me paie un petit hotel bon marche, le 5e depuis mon depart (dont 3 auberges de jeunesse en Croatie).
Une nouvelle marche pour sortir de la ville. Je fais a nouveau du stop pour rejoindre Nevşehir et la Cappadoce. Entre Konya et Nevşehir c’est la grande plaine, pleine de culture, sans arbres. C’est un plateau en fait, a 1000 m d’altitude. On me paie encore du the. En Albanie c’etait du cafe, ici c’est du the, la boisson nationale. L’hospitalite et l’acceuil turc n’est plus a demontrer, les turcs sont vraiment adorables. Mais il est parfois difficile de distinguer les gens tres gentils des gens “trop” gentils, minoritaires bien sur, qui finissent par te demander de l’argent pour le service rendu, voire de te voler. A Konya j’ai du me facher. Quand on voyage pour la 1ere fois dans des pays avec disons de faibles revenus et ou touriste = argent, on se fait presque inevitablement avoir au moins 1 fois.

Inutile de presenter la Cappadoce. Ça rappellera des souvenirs a certains. Juste dire que c’est le lieu d’implantation des premiers chretiens fuyant la persecution romaine. Non loin se trouve un des premiers sites recences de sedentarisation de l’homme, 7000 BC. C’est effectivement un endroit incroyable. Surrealiste. Feerique est le mot officiel, avec les fameuses cheminees de fee. De belles ballades sont a faire. Je me prend des orages le soir, pour ajouter a l’apect mystique du lieux.




Difficile de choisir des photos parmi toutes celles prises....


Chez le tailleur
Apres la Cappadoce, direction Kayseri. J’hesite un instant a pousser jusqu’au centre-ville. C’est quand meme une ville d’1 million d’habitants. Mais j’ai besoin de gaz, j’ai plus de chance d’en trouver la. J’ai un peu de mal a en trouver. Moins frequent que dans les Balkans. Et chose rare, chose chere (enfin c’est relatif). Le temps est a la pluie. Un tailleur m’accueille dans son magasin et m’aide ensuite a trouver du gaz. Je prends 2 cartouches du coup. Tant pis pour le poıds. C’est l’occasion de parler du poids de mon sac, Nicolas me questionnait a ce sujet. Actuellement je ne sais pas trop combien il pese. Il pesait environ 16 kg a mon depart, avec mon manteau a l’interieur. Je me suis allege d’1 kg a Istanbul mais j’ai recuğere des bricoles en plus. Bref, avec l’eau (2 litres, voire 2,5 en treck) et la bouffe, je dois tourner autour de 18 et 20 kg. Trop lourd mais je m’y suis habitue.
L'heure du the sur le chantier
Je quittes Kayseri et passe la nuit dans un enorme chantier de hangar en construction. Le lendemain matin, je prends le the avec les ouvriers qui hallucinent un peu.

Toujours en stop et apres avoir traverse des bleds peu habitues a voir des touristes (dans l’un d’eux, quelqu’un me dit que je suis le premier français qu’il voit), j’arrive a Zara, toute petite ville au nord de l’Anatolie centrale. Je sentais bien cette ville, le nom me plaisait. Je commence par rencontrer des etudiants qui m’invite a dejeuner chez eux. Puis des lyceens qui appellent leur prof d’anglais, Murat. On prend un the ensemble. Il me propose de rester la nuit et de participer a ses cours du lendemain matin. J’accepte sans trop hesiter, heureux de pouvoir partager et donner a mon tour. De plus, ça tombe bien, mon objectif du jour etait un lac pour prendre un bain. Ce sera une douche. 
Petit-dej traditionnel avant d'aller en cours
La matinee du lendemain est riche et interessante, les eleves sont evidemment heureux de ce cours imprevu. Murat me laisse seul avec ses eleves, pour qu’ils participent plus facilement. J’enchaine 5 classes, entrecoupees de the.
Photo de classe
Je quitte Zara en debut d’apres-midi, apres le dejeuner a la cantine. A force de me dire que la route pour Suşehri est tres peu passante /c’est la montagne), qu’il n’y a que quelques tout petits villages, que ça peut etre plutot dangereux le soir et la nuit, surtout en cette saison, les animaux, dont des ours, se “reveillant”, je decide de faire le trajet a pieds.
Mais j’abrege. Je suis invite une nuit chez une famille. Un veterinaire, qui finalement m’evite (ou m’empeche ?) de faire l’integralite de la route a pieds, m’invite a dejeuner chez lui a Suşehri. J’experimente le tracteur-stop. En fait les gens ne veulent pas me laisser marcher, c’est incomprehensible pour eux. Apres m’avoir pris en stop, ils arretent les voitures pour moi. Je ne refuse pas, je gagne du temps. Malgre un magnifique paysage. Et on s’inquiete toujours de savoir si j’ai faim, si j’ai mange.
Pas vu d’ours. Dommage, j’aurais bien voulu tester mon kungfu...

A Şebin Karahisar (Shebine Karahisar), gros orage, des trombes d’eau. Des rencontres, des rencontres et des rencontres. Du the, du the et du the... Je quittes la ville du coup un peu tard, et au mauvais moment, il pleut a nouveau. Objectif : trouver un coin pour planter la tente au plus vite. A 20h, alors que je finissais de manger dans la tente, on m’appelle. Il fait nuit. Deux militaires, pistolet-mitrailleurs a la main, me somment de sortir de la tente. Visiblement l’heure n’est pas a la plaisanterie. Je les sens un peu stresses. Scene de guerre, ils me braquent, mains en l’air, jettent un oeil dans la tente, prets a tirer. Verification du passeport. Ils se detendent. Je finis mon plat. D’autres hommes arrivent, ils sont une dizaine en tout. Certains en civil. Tous armes de mitraillettes. De la police. J’apprend qu’ils me cherchent depuis 2 heures. Une veritable chasse a l’homme.  Ils finissent par me laisser. Puis 2 hommes reviennent. Je dois plier bagage. Trop dangereux … “Burada (ici) terror terror !” ils me disent. Ils ont peut-etre recu un ordre d’en haut. Ils veulent m’aider. Sur la route, des voitures et un blinde. Ils m’emmenent au poste de police et m’installent dans une petite cabane, entouree d’un potager. Ma foi, je suis pas mal.
La cabane de la police
Un des policiers apporte du the, des biscuits et un pot d’Ayran (lait fermente). On boit ensemble, on discute, mitraillette sur la banquette. Il ecrit son nom sur mon baton, qui commence a bien se remplir. Beaucoup souhaitent mettre leur petit autographe.
Le lendemain, apres un petit dejeuner au poste, ils me mettent dans un dolmuş, direction Giresun. 115 km. Au frais de la princesse. Je ne cherchent pas a discuter, ils veulent vraiment m’aider.
Je me fais la reflexion un peu plus tard. Dans Şebin Karahisar, il y a le mot “carabine”...
Je suis un peu deçu de ne pas faire le chemin a pieds, le paysage est magnifique. Mais j’aurais payer cher, le temps est mauvais. On passe un col a 2200 m dans les nuages, des plaques de neige sont encore sur le sol. Des troupeaux de moutons parsement la montagne. Ensuite, la route passent par des vallees encaissees au fond desquelles coulent des torrents impetueux. Les versants abruptes, auxquels les nuages restent accroches, sont couverts de foret. Quelques petits villages perches.

Et me voici a Giresun, sur les bords de la Mer Noire...


Je vous embrasse en pensant bien a vous tous.

1 comment:

  1. Salut Benoît c'est Julien !

    Dis donc t'as dû avoir la peur de ta vie dans l'épisode de Şebin Karahisar !
    Pour l'arrêt du régime végétarien, c'est une question que je me posais depuis le début. Comment vivre sans viande dans un périple comme ça, avec l'effort et les protéines végétales en quantité pas toujours dispo. T'as dû sentir que ton corps en avait besoin. L'épisode de l'école m'a fait rire ! Tu pourra faire le maître en rentrant, ils ont pas essayé de te recruter ? En tous cas ça a l'air d’être un beau pays. Tu fais comment pour la suite tu traverses la mer Caspienne en bateau ? La Chine n'est plus très loin ! En tout cas on te souhaite bon courage pour la suite du voyage ! Julien et Christelle

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