Le trajet


Monday, March 10, 2014

L'Inde, part 2 : Le Kerala

Namasté !


Mes quelques étapes touristiques depuis Bangalore étant accomplies, je peux rejoindre la ferme ou j’ai prévu d'aider par le biais du wwoofing.



Coucher de soleil, Allapuzha
Je commence donc ma remontée vers le nord le long de la cote ouest et m'arrête à Alappuzha. Une autre nuit a la gare (putain de moustiques !), puis une sur la plage (putain de moustiques de merde !), et je me dirige vers Kumily où se situe la ferme.
.
Je prends d’abord un bateau pour Kottayam, histoire d’avoir un aperçu des “Backwaters”, attraction très réputée du Kerala. C’est en gros une Venise rurale, avec une superficie bien plus grande évidemment. Lac, canaux, maisons sur d'étroites bandes de terre, rizières. Les gens se déplacent en bateau.






Maison-bateau


C’est ensuite 4 heures de bus qui m’attendent pour rejoindre Kumily, dans la montagne, à la frontière avec le Tamil Nadu. La région est réputée pour ses épices et ses champs de thé.

Dans la ferme où je reste (Natural Shakti Farm) est cultivé café, poivre, cardamome et un peu de stevia. C’est un allemand, Harry, qui s’est installe il y a plus de 20 ans. Il possède 7 hectares à Kumily et 20 autres dans le Tamil Nadu. C’est son fils Stefan et sa femme Fathima qui m’accueillent. Harry travaille dans la plantation du Tamil Nadu.


J’arrive en pleine récolte du café (robusta, l’arabica étant terminé).
La propriété se trouvent dans une petite vallée. Les caféiers se trouvent sur les deux versants plutôt raide par endroits. Pas facile. Mais nous sommes la plupart du temps à l'abri du soleil, les caféiers procurant une ombre efficace. Le seul inconvénient, ce sont les petites fourmis. Une colonie s’est formée quasiment dans chaque grappe (selon l’exposition de l’arbuste). Du coup, t’en a plein les bras, le visage etc… Il faut aussi compter sur les toiles d'araignées… On est comme en pleine foret.

C’est d’ailleurs le concept d’Harry : pratiquer une agriculture “naturelle” (en plus d'être biologique), c'est-à-dire qu’il s’efforce de ne pas toucher à l’environnement. On m’avait parlé de cette agriculture en Nouvelle-Zelande comme “forest garden” : les plantations font parti de l'écosystème qui s’entretient de lui-même (en théorie, mais l’intervention humaine est minimale).

En fait, Harry a cessé de faire certifier son café. Il ne croit plus en l’agriculture biologique. Mais il aimerait bien connaître un café plus bio que le sien.

En pleine recolte
Une fois récolté, les cerises de café sont stockées quelques jours, le temps d’en avoir suffisamment, puis lavées et ouvertes (pulping). Le café est alors mis sous bâche, où un début de fermentation se produit. Les grains sont à nouveau lavés et mis à sécher pendant 3-4 jours.


Une fois la récolte terminée, la peau est retiré et les grains sont triés. Puis exporté en Allemagne pour la plupart de la production, où il est torréfié.
Ils vendent environ 1500 kg de café chaque année.





Au bout d’une semaine, je pars rejoindre Harry à Megamalai, dans le Tamil Nadu. C’est en pleine montagne. Stefan et Alex, un allemand qui en revient, m’explique le chemin. Ça a l’aire d’une petite expédition. 30 minutes de marche jusqu'à Kumily où je prend un premier bus m’emmenant à Cinamanur. Je monte alors dans un second bus blindé d’ouvriers et d'ouvrières s’en allant travailler dans les champs de thé de Megamalai. 2 heures de bus inconfortables. La petite route, très mauvaise, serpente dans la montagne. Megamalai  est un hameau au milieu d’un paysage magnifique. Les théiers couvrent les flancs des collines. Malheureusement, je ne peux vous en faire profiter, un problème survient dans mon appareil photos, mes photos sont perdues.

Il y a ensuite 2 heures de marche à travers champs de thé et foret pour rejoindre la plantation d’Harry. L’endroit est magnifique. Des zones de foret originelle couvent encore des pans de montagne, peuplée d'éléphants (je ne fais que les entendre, ils se déplacent la nuit), de singes, de cerfs, de buffles sauvages. Un énorme mâle (buffle) fréquente les environs. Je fais sa connaissance le jour de mon arrivée, sur le chemin menant aux terres d’Harry.

Harry, Mintu Roy et Guttapan en plein "pulping"

Ils sont en train de “pulper” le café. Il n’y a ni gaz ni électricité à la cabane (seulement un petit panneau solaire de quoi recharger une batterie et les portables). Le pulping se fait donc à la main (à Kumily, un moteur électrique fait tourner la roue). Une véritable épreuve. Et je pèse mes mots…
Là aussi, évidemment, les caféiers sont en foret (d’arbres replantés). Les pentes sont longues et abruptes. C’est pas rien de les remonter avec un sac plein de café fraîchement récolté sur la tête.


Ni gaz ni électricité. Ça veut dire cuisine au feu de bois. La vie est simple, tranquille, le lieu est reposant malgré le travail. Je dors avec Harry a la “grotte”. C’est en fait un énorme surplomb rocheux offrant un abri parfait. Les chauve-souris nous frôlent la tête le soir venu.
Harry aux chapatis, Mintu aux legumes



Je reste 2 semaines. Je serais bien reste plus longtemps, d’autant qu’Harry a besoin de main d’oeuvre. Il a de plus en plus de mal a trouver du monde. Deux ouvriers arrivent la veille de mon départ mais, en général, ils ne restent pas longtemps. Harry vit en Inde depuis 25 ans maintenant. Il commence a bien connaître le pays et les Indiens. ce qu’il m’en raconte est très intéressant. L’Inde comme on ne se l’imagine pas, et qu’on ne peut vraiment connaître en tant que touriste, même en restant 6 mois. Le pays est, selon lui, un énorme chaos, mais un chaos qui fonctionne.

Harry a trouve, en la personne de Mintu, originaire de West Bengal, un jeune ouvrier enthousiaste.


Pit viper

En route pour la recolte, de bon matin
Je repars avec Said, par un autre itinéraire. Au lieu des 3 heures de marche prévues jusqu'à KK Pati, Said, en voulant se raccourcir le chemin, nous fait faire une petite expédition de 5 heures. On se retrouve dans le bush, sans machette pour nous épargner les ronces. Mais ce fut une très belle ballade, avec des empruntes d'éléphants en prime.
L'objectif, c'est le lac, tout en bas de la vallee

Le lac vu de plus pres. La brume s'est leve, il fait chaud maintenant


Une fois arrivé dans la plaine, on s'arrête dans une plantation de noix de coco pour un petit brin de toilette. Les femmes récoltant les noix de coco nous en offre une (fraîche). Un peu plus tard, Said s'arrête dans une vigne acheter du raisin, la récolte est en cours. On repart avec pas loin de 2 kg, qu’on déguste en marchant. De KK Pati, un bus nous emmène à Kumbum, tout e proche. On prend un 2e bus pour Kumily. Le trajet en bus par cette voie est plus court et plus agréable que par Cinnamanur et Megamalai.



Au fond, les montagnes ou se trouve la plantation d'Harry

A Natural Shakti Farm, la récolte du café est presque terminée, celle du poivre commence.
Le poivrier noir est une liane. Pour récolter les baies, il faut donc faire comme lui : grimper. On utilise des échelles de bambou de différentes tailles. Il s’agit en fait d’un simple tronc dont les départ de branches constituent les marches. C’est plutôt plaisant. Pas toujours aisé, surtout quand l’arbre support est fragile ou bien pourri. Tu fais pas trop le malin sur ton bambou, quand bien même tu t’es assuré en attachant l’arbre à un autre plus solide.


Stefan en pleine recolte

Une fois récolté, le poivre est égrené, avec les pieds, puis mis à sécher pendant 3 jours. Les baies, vertes a la récolte *, deviennent alors noires.





Stefan et Fathima en plein "stamping"



* Certaines ont cependant passé au rouge : elles ont un goût extraordinaire. Plus poivrée que les vertes, elles ont également une saveur sucrée et une richesse aromatique plus prononcées.


Quand Harry s’est installe, il était surtout question de poivre. Il en produisait jusqu'à 1500 kg. Cette année, peu productive, ils ne récolteront qu’environ 150 kg. Le poivrier noir ne pousse plus trop dans la région.
Poivre a secher, avec Miracle mountain en fond


Sarita, la soeur de Stefan, me confirme, sans le savoir, mon intuition, assez évidente du reste. Elle a etudie 4 ans en Allemagne et y retourne pour travailler. Elle apprécie le pays mais l’Inde lui manque. La nourriture, le climat un peu mais aussi… le bruit. L’allemagne est trop calme, les villes trop silencieuses. Un autre exemple : les indiens aiment la musique forte, elle est bien souvent a tue-tête dans les bus.

Alex, Stefan, Fathima et Sarita


Vu de Kumily depuis Miracle mountain. De l'autre cote, c'est le Tamil Nadu

En haut de Miracle mountain

1 comment:

  1. Heï ! Benoit, je vois que l'article sur le poivre nous dit qu'en 2013, ils ont récolté, Harry et Fathyma, 10 fois moins que lorsqu'il s'est installé. C'est dire que nous polluons. Greenpeace commence à être intéressant: nouvelle théorie; agriculture écologique et biologique pour augmenter les rendements dans les pays d'Afrique et d'Asie et moins polluer dans les pays industrialisés! But: pour nourrir tout le monde! produire dans chaque pays ce qu'ils ont besoin. Mon idée: Ajouter à cette production, des échanges inter-planétaire pour avoir une nourriture équilibrée. Merci de cette lecture et je vous souhaite "bon vent". Ambroise.

    ReplyDelete