J’avais ecrit mon dernier billet a Batumi. Ca faisait plusieurs jours que j’avais passe la frontiere. Gros poste douanier, gros traffic, mais ca passe tout seul quand on est a pieds.
J’ai ete accueilli par une belle averse. Ca faisait un petit moment que j’avais le sentiment d’etre un peu sous les tropiques. Cette impression devient de plus en plus evidente : c’est effectivement une ambiance un peu tropicale, avec de la brume qui reste accrochee aux arbres aux sommets des collines (ca me fait penser aux reportages sur les forets en Republique centrafricaine), une vegetation a tendance tropicale. Je l’apprend un peu plus tard, la region est de type subtropicale : chaude et humide une grosse partie de l’annee.
1er bivouac en Georgie, peu apres la frontiere |
A Batumi |
En arrivant a Batumi, je rencontre Harry, un nigerian arrive il y a 6 mois. Il cherche a rejoindre la Turquie et peut-etre l’Europe ensuite. Ici en Georgie, il n’y a pas de travail. Il me propose d’aller faire mon visa pour l’Azerbaidjan. Il connait le gars qui s’en occupe au consulat. A peine arrive donc, ma demande est en route. On est vendredi, il faut que j’attende lundi. On se prend un mechant orage en ville, des trombes d’eau, un vent enorme, on est trempe. Je suis bien occupe durant le week-end : je profite de la plage, je me baigne, je me ballade... Une chose me surprend : l’eglise. Le sol est recouvert de foin. Une odeur delicieusement ennivrante rempli le lieu, odeur de foin bien sur mais d’autre chose egalement, de nourriture. Je mets un mot un peu plus tard : odeur de confiture en train de mijoter ! Un regal... L’eglise est un veritable lieu de vie, des gens passent, restent, se font confesser, des jeunes traversent avec des sceaux d’eau... C’est la premiere fois que je ressens ca dans une eglise. Batumi est une cite balneaire, avec beaucoup de complexes hoteliers en construction, que la plupart des Georgiens ne pourront jamais se payer.
Love statue a Batumi |
Je quittes donc la ville avec mon visa pour l’Azerbaidjan en poche et reprends la marche.
A 5 km de Kobuleti, des echoppes sur le bords de la route retiennent mon attention : articles en bamboo, balais... On m’appelle, je traverse la route. On me paie un cafe, a la turc. Fini le the. Il est 19h, le cafe prepare est un pur delice.
5 minutes plus tard, un homme s’arrete et me propose de monter. Il s’arrete a Kobuleti, passe un coup de fil et me tend le telephone. Une francaise vivant en Russie a l’autre bout du fil ! En fait, l’homme m’invite chez lui. Malheureusement, ce n’est pas du tout sur ma route. Il me depose a une dizaine km de Kobuleti. Une aire de repos de routier. Des toilettes, une belle plage, de l’herbe, des arbres. Le spot ideal. Mais je suis loin de la route que je voulais prendre, qui partait du centre-ville.
5 minutes plus tard, un homme s’arrete et me propose de monter. Il s’arrete a Kobuleti, passe un coup de fil et me tend le telephone. Une francaise vivant en Russie a l’autre bout du fil ! En fait, l’homme m’invite chez lui. Malheureusement, ce n’est pas du tout sur ma route. Il me depose a une dizaine km de Kobuleti. Une aire de repos de routier. Des toilettes, une belle plage, de l’herbe, des arbres. Le spot ideal. Mais je suis loin de la route que je voulais prendre, qui partait du centre-ville.
Le lendemain, je marche pour en prendre une autre et recuperer mon itineraire. En chemin, je passe une voiture arretee au bord de la route. 2 turcs, l’un est couche sous le moteur de sa R25. Ils me proposent de m’emmener a Tbilissi. Ils me deposeront simplement a l’intersection de la petite route que je veux prendre. 1 heure 1/2 plus tard environ, une autre voiture sur le bord. Des hommes. De la biere. Je les salue en passant. “Hop hop hop, viens donc t’assoir 5 min et prendre un verre”. J’m’en prend 2 (et pas des petits). L’un des hommes, Irakli, m’invite chez lui. Avant, ils veulent aller acheter d’autres bieres. On y va a 4, musique a fond dans la caisse, et on revient ou sont rester les autres. Je me prends 3 autres verres. Un homme me montre la bouteille (en plastique de 2 litres) : 12%. Effectivement. Y’en aura eu 4 de vide.
Irakli (qui salue) et son frere |
On va ensuite a l’ecole chercher son fils. Ils me font visiter le gymnase, un cours de lutte et l’ecole. On repars a 9 dans la caisse, dont 5 enfants (3 dans le coffre avec mon sac). On arrive chez Irakli. On dejeune, on boit - biere et vodka, qui se trouve etre en fait de l’alcool de miel, genre chouchen a 50%. Tres bon... Musique georgienne traditionnelle a fond dans la baraque, Irakli chante, on danse.
On va ensuite a la mer. Ils s’arretent en chemin acheter des glaces... et de la biere. Tout s’enchaine.
On va ensuite a la mer. Ils s’arretent en chemin acheter des glaces... et de la biere. Tout s’enchaine.
L'anniversaire |
Le lendemain, le demarrage est un peu dur mais ca va. Irakli repars a la biere et a la vodka. Je m'en tiens au cafe.
Je marche meme pas loin de 25 km. A vrai dire, je ne sais pas comment j’ai fait. Au bout de 2 heures de marche, je m’arrete a une fontaine. Une femme vient laver des draps et m’invite a boire un cafe, aussitot suivi d’un repas. Le lendemain je traverse une petite plaine de champs de mais. Beaucoup de gens y travaillent, des chevaux aussi, tractant la charrue. Un moment donne, des hommes casse la croute surt le coffre dune voiture. Ils m’invitent a approcher et me servent un verre de gnole, puis un 2e, puis un 3e... Je mange avec eux. Ils sortent le vin.
Je marche meme pas loin de 25 km. A vrai dire, je ne sais pas comment j’ai fait. Au bout de 2 heures de marche, je m’arrete a une fontaine. Une femme vient laver des draps et m’invite a boire un cafe, aussitot suivi d’un repas. Le lendemain je traverse une petite plaine de champs de mais. Beaucoup de gens y travaillent, des chevaux aussi, tractant la charrue. Un moment donne, des hommes casse la croute surt le coffre dune voiture. Ils m’invitent a approcher et me servent un verre de gnole, puis un 2e, puis un 3e... Je mange avec eux. Ils sortent le vin.
Avant de partir, j’ai le malheur de demander si je peux prendre une photo : c’est l’occasion de remplir une 4e ou 5e fois le veere de vin. Toujours cul-sec, apres avoir trinque pour quelquechose. Je repars je n’ai plus les memes jambes ! Heureusement il bruine, ca fait du bien. Au bout d’une heure, il faut bien se rendre a l’evidence : j’ai une bonne claque. Mais je marche.
Le casse-croute |
A la sortie de la ville, un jeune homme m’apporte un verre de vin. Son vin. Pour l’energie qu’il dit. Si on veut. Mais j’en ai un peu moins d’energie. La j’accuse un peu le coup. En plus ca monte. Au bout de 2 heures, je m’assois sur un plot au bord de la route. 2 hommes me reveillent, je ne me suis pas senti m’endormir. Visiblement, eux aussi ont bu. L’un d’eux, Nodar, m’invite chez lui, juste a cote. On discute, Roland, un oncle passe. Au bout d’une heure, sa femme, Nestan, me propose de m’allonger. Je dors 2-3 heures ! Le soir, ca va mieux, on dine, mais c’est Nodar qui lutte. Trop de vodka. Ils me proposent du shnaps, mais c’est non. Personne ne bois du reste...
Nodar et sa famille |
Le lendemain je m’arrete a une fontaine, comme souvent. L’homme dont la maison est a cote m’invite a boire un coup et a manger. Je decline. Je vois bien qu’il est decu. Au bout d’un moment, il me propose un cafe. J’accepte. Finalement sa femme nous sers a manger. Et il sors son vin. Je bois plusieurs verres. Heureusement il n’est pas fort, genre cidre. C’est d’ailleurs un rose legerement petillant. On se montre nos photos.
Ils me donne le reste du fromage. C’est en fait du caille, comme toujours. Celui-ci date de la veille. Un jour, on me fait gouter un fromage du matin, a peine egoutte.
Dans l’apres-midi je m’octroie une petite pause bain dans une riviere. Le paysage depuis Chokhatauri est magnifique, collines boisees, fougeres, riviere au fond de la vallee, petits villages, vaches, cochons sur la route... En fin d’apres-midi, je crois m’en etre sorti, je suis en vue de la riviere Rioni dans la plaine. Je me dis que ca devrait se calmer une fois cette petite route quitte, une fois sur l’axe principal. Rate. Un jeune s’arrete. Mais je vais dans le sens oppose. Il repars mais reviens 2 min plus tard. Il m’invite pour la soiree et me conduira a Samtredia le lendemain matin. C’est Nougzar, un militaire.
Musique a fond dans la caisse. Tout est excessif. Il me sers la main toutes les 2 minutes. Sa personnalite sans doute. Ce qu’il a vecu en Afghanistan peut-etre. Il y a perdu 4 de ses amis, lui-meme a les tibias bardes de cicatrices. Quand on frole la mort... Mais je m’apercois que sa fille est comme lui, pleine de vie. On va d’abord chez des amis a lui, d’une 50aine d’annes, par un long chemin completement defonce. On bois du vin. Puis on va chez lui, c’est-a-dire dans la maison familiale, comme souvent en Georgie, tout le monde vit sous le meme toit, parents, enfants, conjoints, petits-enfants. Son frere prepare des grillades. Il ouvre une jarre de vin scelle et enterre.
Avant |
Apres |
Comme il y a 2000 ans j’imagine. Depuis le debut je ne bois que du vin fais maison. La Georgie a une vraie et grande culture vinicole. Presque tout le monde fais son vin. D’apres, la vigne serait “apparu” en Georgie (mais en Grece, on aurait retrouve du raisin sauvage). Bref, la conclusion de la soiree, c’est que je suis fin pete.
Le lendemain, Nougzar me reveille a 5h30. J’suis pas au mieux. Il me depose a la sortie de Samtredia, il est 6 heures du mat’. Lui part a la caserne, moi je commence a marcher. Au bout d’une heure un banc m’appelle. J’attends. Il y a un peu de mouvement, le voisinage vient discuter, un homme me propose du vin, de la vodka. Niet. Je me suis en fait assis devant la maison d’une femme qui parle francais. Elle m’apporte une tasse de cafe et un biscuit. Elle et son mari restent discuter.
Le voisinage |
Puis on passe chez eux. Un jeune passe au banc vers 8 h, tout juste reveille (a l’evidence la soiree a du etre arrosee), m’avait propose de m’emmener a Kutaisi en minibus, convoi special pour une manif’ contre le pouvoir en place. J’ai finis par accepter. Il passe a la maison vers 11h. Il est soul. Je mange avec Irakli, le mari de Katrina (je bois 2 petites gorgees de vin, pour faire plaisir), et me voila parti pour Kutaisi avec les activistes de l’opposition. La moitie en ont un bon coup. La manif’ n’ayant pas lieu tout de suite, le jeune me dit de revenir, il veut que je rencontre le leader de l’opposition, interview et tout. Hors de question evidemment. Dans l’immediat, ce que je veux, c’est un internet cafe. Je ne me suis pas connecte depuis Batumi. J’en trouve un au premier etage d’un vieil immeuble, pieces quelque peu delabrees, ma becane rame comme c’est pas possible. Je lui en demande peut-etre beaucoup, mes photos pesent lourd. Je ne reviens pas a la manif’.
Le soir je prends la direction du monastere de Gelati, a 5-10 km, que je visite le lendemain. La Georgie, une des premieres regions christianisees, possede beuacoup de monasteres et d’eglises du IX et Xe siecles. Le monastere de Gelati a ete construit en 1106 par le roi David Aghmashenebeli (David the builder) qui unifia les provinces georgiennes.
Monastere de Gelati |
Comme en Cappadoce, l’interieur est recouvert de peinture. Le lieu est paisible, de nombreux georgiens y viennent se recueillir. Pour revenir a Kutaisi, un policier en pick-up me prend et me depose a l’entree de la ville, puis un jeune taximan jusqu’au centre-ville, gratuitement. Chouette, je peux passer un peu de temps a Kutaisi, que j’ai bien aime, et aller dans un autre cybercafe, avant de reprendre la route pour Tbilissi.
Kutaisi |
On m’indique le plus court chemin pour la rejoindre du centre ville. Petite rue, puis rue residentielle. Un homme me donne sa bouteille d’eau gazeuse tout juste achetee. Un peu plus tard, des hommes sont attables, a 100 m de la route. Ils m’appellent. Il est 19h mais je vais les rejoindre, au moins pour les civilites et dire qu’il est tard et qu’il faut que je me depeche avant la nuit. En fait, on donne autant qu’on recoit en s’asseyant pour un the, une biere ou simplement discuter 5 min. Ca parait normal quand on va chez quelqu’un de repondre a un appel, une invitation. Ils me proposent de la biere mais je les remercie, en disant que j’en ai pris une bonne la veille, ce qui est faux, c’etait y’a 2 jours, mais j’ai plus envie. Je trinque avec du coca. Certains sont deja un peu emeches, une bouteille de vodka vide trone sur la table. Ils sont entre amis et famille. Ils me font gouter du serpent. Ils appellent Saeed. Il vient du Bengladesh et bosse a la boulangerie a cote, que je visite. Le boss me donne un pain tout juste sorti du four, je manque de me bruler les doigts. Un des hommes, Isirekidje, m’invite. Il a une belle maison, avec bien sur, de la vigne.
Isirekidje, a gauche. Le jeune a droite m'a donne un tee-shirt de l'opposition. Je m'etais debarasse a Batumi d'un tee-shirt donne en Turquie et d'autres trucs pour m'alleger... |
On mange entre hommes mais les femmes sont la. Je ne bois que quelques verres de vins - pour la premiere fois du vin rouge - pour trinquer. Ils ont compris que je ne veux pas etre malade et que c’est incompatible avec la marche. On chante, on danse, l’ambiance est a la fete.
Le lendemain, avec les quelques course faites la veille et la nourriture qu’il me donne, je repars charge comme un mulet. Il fait chaud, tres chaud. Heureusement il ya un peu de vent. Je fais de bonnes etapes. Je rejoins Zestaponi, je m’arrete a l’eglise d’Ubisa. Le paysage est merveilleux. La route est un peu chargee, camions, cars, voitures mais ce n’est pas les 2x2 voies turques. Collines boisees (une grande partie du territoire est recouvert de foret), rivieres, dans lesquelles je me baigne, au fond de petites vallees.
On me donne des verres d’eau fraiche. J’ai change mes habitudes alimentaires : pain, fromage, tomates... le matin. A midi je ne mange pas. Mon corps ne reclame pas, trop chaud. En revanche, petit gouter dans l’apres-midi : fruit et helva (genre nougat a base de sesame, hyper energetisant). Et bon repas le soir.
Dans la montee du Rikoti Pass, avant Khashuri, un homme me dit de m’arreter, pour me rafraichir, boire de l’eau. Des gens s’arrete egalement. Ils me donnent un bout lobiani, du pain fourre de pate d’haricot qu’ils viennent d’acheter, prepare sur place. C’est delicieux mais ca a du mal a passer. J’ai pas vraiment faim et c’est sec dans ma bouche. A peine j’ai bu que ma bouche est deja seche et j’ai de nouveau soif. Ils me proposent de m’emmener au col. J’accepte. Ils me deposeront finalement a Surami, a 5 km de Khashuri. J’ai ainsi toute l’apres-midi pour ecrire le brouillon de ce post et me reposer. La chaleur m’a en effet un peu epprouve. Pas encore habitue.
C’etait avant-hier.
J’espere que je ne vous ai pas soule avec mes histoires de biere, de vin et de vodka. On m’avait prevenu que ca m’arriverait...
A bientot
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