Je passe ma première nuit à l'aéroport, il est trop tard pour aller en centre-ville - enfin pour moi.
Auckland
ne m’enchante pas plus que ça. Je préfère Sydney, selon les “critères”
des villes d’anciennes colonies. Il faut dire que le temps n’y est pas :
venteux et pluvieux, relativement frais. C’est “dur” après l’Australie…
Vue du CBD (Central Buisness District) |
Et
je ne suis peut-être pas très objectif pour parler des villes. Il
manque souvent quelque chose, comme un peu de verdure... Auckland Domaine
est un grand parc au coeur de la ville. Je m’y sens tellement bien que
j’y campe...
Auckland Domain |
Je
passe une partie de mon temps à planifier mon séjour. La
Nouvelle-Zélande est réputée être le paradis du randonneur. 2 - 3 mois
ne sont pas assez, il faut choisir. Mais j’imagine l'étranger visitant
la France dans la même situation.
La ville est très cosmopolite, avec une communauté asiatique assez importante.
Je
suis d’ailleurs hébergé le dernier jour par Alan et son frère,
originaire de Taiwan. Ils habitent en périphérie, a une quinzaine de km
du centre. Après une grosse partie de la journée à la bibliothèque à
mettre à jour mon blog, je pars en direction de la motorway. Il se fait
tard mais je tente quand même le stop. J’ai à peine posé mon sac, pas
encore tendu le pouce qu’un gars s'arrête. Il me dépose 20 km plus loin,à Drury. C’est pas grand chose mais l’essentiel est fait : je suis
sorti de l'agglomération.
Le
lendemain matin, alors que je marche vers la voie d’insertion, une
voiture s'arrête à ma hauteur : “Tu vas ou, tu veux un lift ?” On
m’avait dit que le stop est super facile en Nouvelle-Zélande mais là, ça
dépasse toute les espérances ! Bon, c’est pas tout le temps comme ça
non plus…
Mon
3e lift de la journée m'emmène jusqu'à Taupo. Mon objectif était
Tongariro National Park, mais vu le temps, Stephen me conseille de
“patienter” à Rotorua. Il fait un petit détour au Huka Falls avant de me
déposer.
Huka Falls. 200 000 L/sec ! |
Le gars est vraiment intéressant. Il me parle notamment du
slogan touristique de la Nouvelle-Zélande: “clean and green”. Green, ça
l’est, on ne peut pas le nier. Par contre, clean, c’est moins sur. La
production laitière est très polluante. Le nombre de vaches laitières a
double en 20 ans. Elles remplacent de plus en plus les moutons, la laine n'est plus tres valable, le lait semble plus rentable que la viande de mouton.
Il y a aussi le problème des possums, importés
d’Australie au milieu du XIXe siècle pour développer l’industrie de la
fourrure. L'animal a vraiment commencé a envahir tout le territoire
depuis 1950, atteignant un pic de 80 millions en 1980. Il y en a
aujourd’hui environ 30 millions, consommant 9000 kg de feuilles par nuit
(ils peuvent détruire un arbre adulte en 2-3 ans). Il transmet
également la tuberculose bovine.
Pour sauvegarder les forets et le
cheptel (et aussi le kiwi, emblème national, ainsi que d’autres espèces de petits oiseaux. Les rats et une espèce de furet, introduit pour lutter contre les rats mais préférant les oeufs d’oiseaux, menacent la faune), les autorités utilisent des pastilles de poison.
Stephen me dit que ça tue tout, et m'encourage a en toucher 2 mots au
Department of Conservation (DOC) qui s’occupe des parcs nationaux et
donne toutes les infos touristiques associées. La fille que j’interroge a
ce propos dans le premier DOC me dit être mal a l’aise face a cette
option. Mais les conséquences sont, selon la version officielle,
négligeables, la dose étant soit disant trop faible. Et des etudes ont
montre que le taux de survie du kiwi atteint plus de 90%. C’est vrai
qu’il n’y a pas de solution idéale. Néanmoins, le truc à considérer,
c’est que la Nouvelle-Zélande est le marche principal de la compagnie
qui produit lesdites pastilles.
Je
suis pris entre 2 averses et arrive donc à Rotorua. La région est
réputée pour ses centres thermaux et les zones d'activité volcanique
(geysers, petits étangs d’eau chaude, “piscines” de boue bouillonnante,
dégagement de gaz sulfurique…). Je retrouve la fameuse odeur d’oeufs
pourris. Je n’avais pas spécialement revu de venir ici. Mais on a beau
avoir déjà vu ce genre de choses, ça reste fabuleux. Mais le plus
surprenant, c’est le fait que la ville s’est construite en plein milieu
de cette zone, au bord du lac Rotorua.
Kuriau Park est un parc assez
original avec ses trous de boue bouillonnante et ces petits points d’eau
fumante.
Je me joint a un couple de backpackers français et un
québécois qui attendent d’autres backpackers pour dîner, en partageant
mes ingrédients. Ce sont comme par hasard les mêmes que ceux nécessaires
au plats qu’ils prévoient : pâtes, carottes, oignon. Les moins chers.
Ce n’est pas une surprise, la Nouvelle-Zelande est aussi cher que
l’Australie, sinon un peu plus. Je ne sais pas si je me suis bien
exprime dans mon précèdent post. Simplement, si tu fais pas gaffe, t’as
vite fait de vider ton porte-monnaie. Mais c’est pareil en France. On profite à notre façon. Je
clos le chapitre
Bref,
pour revenir à Rotorua, des bains ont été construits a la fin du XIXe
siècle, l’eau chaude et acide ayant été déclaré bénéfique pour résoudre
la dépendance à l’alcool. Les gens perdant connaissance a cause des gaz
étaient sortis de l’eau avant la noyade. Mais suite à de nombreux décès,
ils ont été ferme puis totalement démolis en 1950.
Les
prévisions météo étant plutôt bonnes, je retourne sur Taupo après 2
nuits passées dans la ville. C’est John, anglais d’origine, qui me
prends en stop. Il travaille pour Fonterra, coopérative multinationale laitière, la plus
grande entreprise néo-zélandaise. Elle collecte la quasi totalité du
lait produit, et exporte plus de 80% de sa production (c’est connu). Les produits laitiers sont la première source de revenus dans les exportations néo-zélandaises et représentent 26% des exportations totales. Fonterra représentant 30% des exportations mondiales de produits laitiers et génère 20 milliards de dollars néo-zélandais de bénéfices (merci Wikipedia). L'Australie reste le premier marché, mais la
Chine tend à devenir le marche principal de la Nouvelle-Zelande, pour nombre de produits comme la viande de mouton et le bois (certains d’ailleurs
s’en inquiètent).
On passe le lac Taupo. Il fait beau, je serais bien
resté, le coin est vraiment joli. Mais c’est justement parce qu’il fait
beau que je ne reste pas. John a plus d’une fois du renoncer a faire le
Tongariro à cause du mauvais temps. Il faut en profiter. Lisa, qui vient
de se faire tatouer la lèvre inférieure - fin d’un tatouage qui lui
couvre le menton - me laisse à Turangi.
J’attends désespérément. Il se
fait tard, j’ai déconné, je suis parti trop tard de Rotorua, je ne vais
pas pouvoir démarrer ma rando dès le lendemain matin. Mais après plus
d’une heure d’attente, un backpacker français s'arrête. Il roule tant
qu’il fait jour, et jusqu'à ce qu’il trouve un bon spot pour dormir. Il
me dépose a Whakapapa Village, d'où partent les sentiers de randonnée.
Si c’est pas beau ! Sauf que ça s’est grave couvert. Il pleut dans la
nuit et au petit matin, ça semble compromis. Mais non, les prévisions
sont toujours bonnes. Alors c’est parti. Et effectivement ça se dégage
en début de matinée pour finir sur 3 magnifiques journées.
Des
scènes du Seigneur des anneaux ont été tournée dans le parc. Je n’ai vu
la trilogie qu’une seule fois et ça commence a dater. Mais une scène
m’avait particulièrement marquée : un des héros courait dans une immense
terre légèrement montagneuse couverte de lande, l'épée dans le dos. Il
courait nuit et jour, il ne s'arrêtait pas le gars, un iron man le mec !
Bref, si ma mémoire est bonne, le paysage qui s’offre a mes yeux
ressemble beaucoup à celui de cette scène. Avec le Mont Rapehu enneigé
en arrière plan, c’est juste merveilleux.
Le “Tongariro Northern
Circuit” fait parti des 9 “Great Walks” de Nouvelle-Zélande. Arrive au
pied des monts Tongariro et Ngarauhoe, ça commence a être plutôt
fréquenté. Rapehu, Tongariro et Ngarauhoe forment la trilogie volcanique
du parc. Deux éruptions ont eu lieu en 2012 au niveau d’un des cratères
du Tongariro. Des volutes de fumées sortent toujours de la zone. Le
panorama du haut du mont Tongariro est sublime.
Après ma première nuit,
je quittes le Northern circuit pour le “Round the mountain track”, qui
fait le tour de Rapehu, le plus haut sommet de l'île du nord, culminant à
près de 2800 m d’altitude. Je ne rencontre plus personne, et passe ma
deuxième nuit tout seul dans le refuge. Je traverse le dernier jour une
zone “a risque”, ou des coulées de boue sont possible. Mais la dernière coulee date de 1999.
Ouf, j'ai eu chaud ! |
Le paysage fait par endroit très désertique.
Je
rejoint Ohakune. Fin d’une très belle marche. A la journée ou sur
plusieurs jours, Tongariro National Parc est indiscutablement un lieu a
découvrir.
Le
temps a change, la pluie est de retour. C’est normal au printemps me
dit-on. Finalement, j’aurais peut-être du venir en hiver…
Maintenant,
je file vers l'île du sud, que je préfère privilégier. On verra si j’ai
du temps pour explorer d’autres coins de l'île du nord avant de partir.
Je répète le schéma que l’on m’a maintes fois donné et que vous
connaissez peut-être : l'île du nord pour les volcans et la culture
maori, et l'île du sud pour les montagnes et la nature. En gros. A
Sanson, un routier s'arrête, après que de nombreux camions soient
passés. Le fait est que Mike est le patron d’une petite boite de 4
employés. Il me laisse a quelques km du centre de Wellington et des
ferry. J’embarque aussitôt.
Il faut compter environ 4 heures pour
rejoindre Picton, situe au fond d’un très beau fjord, le Queen Charlotte
Sound.
Je prévoyais d’aller direct sur la cote ouest ou se trouve tous
les meilleurs treks, mais vu les prévisions météo, c’est même pas la
peine. D’autant plus que du beau temps est annonce sur Christchurch. Je
change donc mes plans et decide de descendre par la cote est. A
Blenheim, c’est un jeune couple de voyageurs polonais qui me prend en
stop. Ils s'arrêtent souvent pour prendre des photos, j’en profite.
Des vignes |
et des roses... |
Ils
me laissent a Kaikoura, très joli coin, ou des colonies de phoques se
reposent sur les rochers. Je ne m’attendais pas à en voir.
Plage a Kaikoura |
L’endroit a
été un haut lieu de la chasse a la baleine par les colons, au large de la peninsule.
En
arrivant au centre-ville de Christchurch, je ne percute pas et me
demande bien ce qu’il s’est passe pendant une bonne minute. J’ai
l’impression d’entrer dans une ville au lendemain d’une guerre : zones
rasées, bâtiments endommagés, magasins fermés, rues barrées etc... Ça me
revient d’un coup, un tremblement de terre a secoue la ville en 2012.
Il y en a eu 2 en fait, le premier en 2011, et le deuxième en 2012.
C’est le deuxième, inhabituel, qui est responsable du désastre. 80% des
bâtiments ont été soit détruits pendant la secousse, soit démolis parce
que trop endommagés. C’est impressionnant.
Je
suis hébergé par Andrew, sur New Brighton, au bord de la plage. Il a
créé il y a 10 ans un site internet pour sauvegarder d’anciens refuges
sur la cote ouest. Ils ont été construit dans les années 50 et 60 par
des chasseurs mobilisés par l’office des forêt de l'époque pour enrayer
la prolifération du cerf, importé d’Angleterre et ravageant la contrée.
Faute de moyens, le DOC, qui a pris le relais entre temps, a laisse
tomber la maintenance de beaucoup de refuges, préférant concentrer leurs
effort sur les “Great Walks notamment. Le DOC avait même entrepris d’en
détruire certains, les plus “isolés”, les moins “visités” (à peine une
fois par an). Certains avaient même été complètement oublié des
mémoires. Plusieurs ont été detruits. Face a ce malheureux constat, Andrew a décidé d’entretenir
certains refuges et de dégagé les sentiers y menant. Il a créé ce site
pour permettre a d’autres volontaire de faire de même. Le DOC voyait ça
d’un mauvais oeil au départ mais, voyant le succès du projet, ils ont
récemment alloué une petite subvention au groupe. Pour aller sur le
site, cliquer ici. 70 refuges sont références, avec les itinéraires pour
y accéder.
On part marcher avec sa copine Joga sur les collines au-dessus de Lyttleton. Mais l’objectif de la balade est de finir de dégager un sentier envahi par les genêt, importé d’Angleterre également (des collines sont entièrement jaune, c’est assez joli. Andrew estime cependant que c’est une bonne chose, ça fixe l’azote, et permet a la foret native, rasée par les colons, de repousser). La zone avait été fermé par les autorités après le tremblement de terre, à cause des risques d'éboulement.
Lyttleton, port de Christchurch |