Le trajet


Monday, October 14, 2013

L'Australie, part 3

Je vous ai laisse à Bundaberg.

Poursuivons. De Bundaberg, mon 2e lift m'emmène jusqu'à Yandina. L’homme allait jusqu'à Brisbane. Belle opportunité, mais je n’ai pas vraiment envie d’arriver en début de soirée. Je choisi de m'arrêter a Yandina donc. Il y a une “ginger factory”. Free admission qu’y dises sur les prospectus. Tu parles ! Tu peux en effet entrer librement dans le magasin et le café-snack de l’usine, ainsi que le jardin, mais pour visiter, faut payer. C’est organise comme un parc d’attraction. Tu m'étonnes que c’est pas donné. D’la merde !
Dans le jardin de la ginger factory. Ancien train de reciolte de la canne a sucre utilise pour promener les touristes

De l’autre cote de la rue une usine a macadamia accueille également le public. Des baies vitrees permettent de jeter un oeil dans les ateliers. Ils produisent toutes sortent de produits a base de cette noix, et d’autres noix, mais surtout des chocolat.


Je reprends la route en début d’aprem’. La Bruce Highway est devenue 2x2 voies. Je me positionne sur la voir d’insertion en m’interrogeant un peu. Je commences a regretter de m'être arrêté là… Mais la chance est avec moi. Une dame qui ne prend habituellement pas les auto-stoppeurs s'arrête (je suis le 2e qu’elle prend). Elle m’avance de 30 bornes, il me reste 80 km jusqu'à Brisbane.

Même topo : stop sur une voie d’insertion. Encore pas gagné. Mais un camion s'arrête peu de temps après, je n’avais même pas tendu le pouce. Je ne tends pas le pouce aux routiers. C’est de toute façon évident que je fais du stop. Mais surtout, les routiers ne prennent quasiment plus les auto-stoppeurs dans les pays développés. En cas d’accident, ils ne sont pas couverts. Mais mon chauffeur est un “fucking good driver”. Aucun accident en 40 ans de conduite. Il me dépose dans la city. Pouvait pas être mieux.


Vue de Brisbane
Brisbane ne m’enchante pas plus que Sydney. C’est sympa d’y passer quand même. C’est a nouveau le jardin botanique, encore que n’ayant rien d’exceptionnel, que j'apprécie le plus. Jj’y apprends qu’en 1893 eu lieu la dernière plus grande inondation enregistrée : 5 km2 inondés, certaines zones sous 30m d’eau. Alors les 20 m a Baffle Creek ne m'étonnes moins.

Je reste cependant 2 jours, le temps de me mettre a jour : douche au lagoon, lessive etc… Le train train quotidien. T’as beau être sur la route, c’est la même histoire… Et je profite du Brisbane festival qui a lieu tous les ans au mois de septembre. 20 jours de festivités avec des concerts gratuits et payants, du théâtre etc et un light show assez spectaculaire, bien que court, a base de laser et de jet d’eau sur fond musical.




Je montes dans un train pour sortir de Brisbane. Je m'arrête finalement au terminus, a Varsity Lakes, et connaît ma première véritable journée “difficile”. En cause : la pluie. Mais c’est moi qui le veut bien, a vouloir persister dans ma connerie. Un coup de bus, une nuit en Guesthouse et l’affaire aurait été réglé facilement. Mais non. Après 2 ou 3 jours de pluie, complètement trempé et en déperdition, d’accord. Mais la non.
Burleih Heads, avec Surfer Paradise plus au nord

Je suis le soir a Burleigh Heads et le lendemain a Coolangatta. Je voulais squizzer la Gold Coast mais c’est finalement intéressant d’y mettre un pied.

J'etais prets a quitter Coolangatta. J'ai finalement change d'avis. Un plongeon, et une nuit pres de la plage. 
De Coolangatta, je file a Nimbin. Jesse m’avait recommande d’y passer. C’est un “village hippie”, la capitale australienne du mode de vie alternatif, prônant l’agriculture bio dynamique, le bien-être et le canabis. Enfin alternatif quoi… La feuille de la plante si controversée est a l’effigie un peu partout (pour la fin de la guerre contre le canabis). Y’a même la “Hemp embassy”, magasin et lieu de promotion du chanvre.
Hemp Ambassy et Hemp Bar a Nimbin

Nimbin est connu pour se procurer facilement de quoi décompresser. Un peu comme le quartier Christiania a Copenhague, sauf qu’ici, ça reste sous le manteau. La police laisse plus ou moins faire.

Apres la Gold Coast et la “sea, sex and surf” attitude, c’est un peu comme un choc de se retrouver ici, en pleine campagne. C’est vraiment un autre monde. Les façades des boutiques de la petite rue principale (en fait, la rue, c’est le village) sont peintes, l'atmosphère est détendue, les dreads sont de rigueur. Mais c'est un lieu qui attirent les touristes, ce qui modifie quelque peu son authenticité.
Nimbin
Les alentours sont magnifiques, résultats de l'activité volcanique il y a 20 millions d'années. Il y a 3 parcs nationaux, vestiges du “Big Scrub”, la plus grande superficie de foret humide subtropicale d’Australie (75 000 ha). Il n’en reste aujourd’hui moins d’1%. Les colons ont bien bossés...

Les terres ont été éclaircies pour en faire des terres laitières. La région revêt une grande importance pour les aborigènes, de nombreux endroits sont sacres, comme le Mont Warning, ancien volcan bien érodé, d'où l’on peut bénéficier des premiers rayons de soleil touchant le sol australien (Byron Bay, a l’est sur la cote, est le point le plus a l’est d’Australie). Ces 3 parcs sont inscrits au patrimoine mondial de l’Unesco, en tant que vestige du Gondwana (World Heritage Listed Gondwana Rainforest of Australia). La foret possède une très grande biodiversité, avec un écosystème archaïque et des espèces endémiques, certaines relativement inchangées de leurs ancêtres préhistoriques.

Il y a donc beaucoup de balades a faire dans le coin. Je dois néanmoins choisir. J’opte pour NightCap National Park et le sentier historique, emprunte par les voyageurs et les coursiers a la fin du XIX et au début du XXe siècle. Long d’une vingtaine de bornes, il part du Mont Nardi, qu’on rejoint par une petite route, et rejoint les Minyon Falls.

Un homme m’avance de quelques km a la sortie de Nimbin. Il note dans son calepin l’heure et le lieu ou il me depose. “Just in case” me dit-il. A l’office du tourisme de Nimbin, nous avons appelé l’office des parcs nationaux pour avoir des infos précises set les informer de mon treck. Lorsque je suis arrive a Katoomba dans les Blue Mountains, un jeune touriste était porté disparu. Il avait du partir dans le bush hors sentier.
Petite pause
Je fête mes 34 ans dans la foret.
En fonction du sol et de l’exposition, on traverse différentes zones : foret humide, foret de pins et d’eucalyptus etc… Mais on a la plupart du temps les yeux rives au sol. En raison des racines, branches et pierres, mais surtout des serpents. J’en croise 2 coup sur coup. Dont un Red-bellied black snake. Quasi certain. J’ai eu l’occasion de potasser un peu a l’aide de bouquins qui me sont tombes sur les mains et du Queensland museum de Brisbane. Pas le plus dangereux, mais bon.

L’Australie est réputée pour héberger le plus d'espèces venimeuses qu’aucun autre endroit au monde. Pourtant le nombre de décès du a une morsure de serpent est beaucoup plus faible que dans d’autres pays, au Sri Lanka par exemple. Aujourd'hui, la plupart des accidents surviennent lorsque les gens découvrent un serpent dans leur jardin et essayent de le tuer.

Je sors mon appareil photo par réflexe (je me prends parfois pour Lucky Luke, l’appareil toujours a la ceinture, prêt a dégainer), mais il file rapidement dans les fourres. Je n’ai pas vraiment envie de jouer de toute façon. Dans les  Atherton Tablelands, j’ai voulu m’approcher un chouillat d’un un serpent traversant le chemin devant moi et s'étant arrêté, pour compenser mon absence de zoom. Il s’est aussitôt dressé en sifflant. Peut-être était-il inoffensif . Quoiqu'il en soit, faut pas les provoquer…Désolé Max :)  Mais voici un intéressant spécimen rencontré à l’arrivée du sentier historique :


C’est un Varanus varius, ou Lace monitor, Goanna pour les intimes.


Les Minyon Falls doivent être impressionnantes pendant la saison des pluies. Le parc enregistre d’ailleurs les plus grandes quantités annuelles d’eau de pluie en New South Wales. En ce moment, un “décevant” petit filet d’eau tombe de plus de 100 m.
Vue des Minyon Falls : on pouvait apercevoir la mer.


Je continue ensuite a pieds jusqu'à Lismore, dans un paysage bucolique, en passant par Dunoon, capitale australienne de la macadamia. Je bivouaque dans une plantation et ne mets pas longtemps a en ramasser 2 bons kg. Je me demande si elles datent de la récolte passée (pas l’air) ou si elles ont été oublie (bizarre, y’en a pleins par terre). Impossible de vérifier sans caillou, la coque est incroyablement épaisse et sacrement dure. Je ramasse, me doutant bien qu’elles sont bonnes. J’en ai la confirmation en en entend tomber pendant la nuit. Il semble qu’elles soient laissées un temps au sol pour sécher. Sur que c’est du vol.

Ce n’est pas la meilleure noix qui existe, ça se saurait, elle contient beaucoup moins de protéines que l’amande par exemple, m’enfin, c’est une bonne source de matière grasse (mono-insaturée principalement).
Champs de macadamia

Ma recolte
La femme qui me prend en stop a Lismore jusqu'à Casino fait un petit détour pour me montrer un koala “sauvage”. Il y en a plusieurs toujours au même endroit, dans les arbres, non loin de la route. Je ne savais pas que les koalas ne buvaient quasiment pas d’eau. Ils couvrent leurs besoins en eau principalement par les feuilles d'eucalyptus, riches en eau. Son nom signifierait d’ailleurs “no water” dans une langue aborigène.

Et savez-vous ce que signifie kangaroo ? Je ne sais pas.
Au début de la colonisation de l’Australie, les colons demandèrent aux indigènes : “ But what the hell is this bloody thing which jumps jumps jumps ?” Les aborigènes, n’ayant pas de mot pour designer l’animal, leur repondirent dans leur langue : “kangaroo”, c'est-à-dire… “I don’t know”. Je n’ai pas vérifié si l’histoire est vraie.

Apres Casino, capitale australienne du boeuf, je file à Grafton, au bord de la Clarence River, la plus grande rivière de la cote est australienne.

A Lismore. Celui-ci aussi s'est dresse, mais j'ai pu m'enfuir...
Il commence a faire chaud. Cette année va être très sèche. Les 3-4 dernières années ont été très humides, après une autre période sèche. C’est ça l’Australie, les moyennes ne veulent rien dire.


On me donne une autre vision de l'économie australienne. L'activité industrielle, en général, baisse. Comme l’agriculture, ce qui rejoint ce que me disait l’homme sur Cairns. Le dollar est fort, trop fort pour le tourisme notament.


C’est devenu comme un jeu, ou plutôt un challenge : voyager en dépensant le moins possible. Juste la bouffe, et la moins chère. Pas de snack, fast-food, pas de guesthouse. Aucun extra ou quasiment pas : quelques cafés à emporter à $1 (au 7/11, les moins chers qu’on puisse à priori trouver) à Brisbane, un avocat le jour de mon anniversaire… Je plaisante a peine. Le fait est que je n’en éprouve ni l'envie ni le besoin. La question fondamentale est bien certes celle du désir.
Reste qu’en rencontrant un SDF dans un parc à Brisbane,  je réalise définitivement que, dans un sens, j’en suis devenu un, ici en Australie. Un SDF itinérant.


Indication niveau de l'eau a Lismore


Je vais même à la soupe populaire à Lismore. Comment ai-je le culot me demandera-t-on. On devient opportuniste. Mais la question que je me pose est plutôt la suivante : pourquoi l’homme qui m’offre un lift sur les derniers km m’indique-t-il le lieu et l’heure ? Ceci dit, je n’ose pas entrer. C’est dans un ancien hôtel. J’attends devant, un peu sur le cote, hésitant. C’est pas comme à l’hôpital a Singapour, quand t’es tout seul, c’est moins facile. Alors que je décide de partir, une habituée m’invite a entrer. Un homme me présente les lieux et l’organisation. C’est surtout un lieu de rencontre et d'échange, ou l’on peut discuter, jouer, se relaxer, récupérer des fringues, du pain, des légumes etc… Des activités sont organisées. Le repas coûte $1, ou $5 les 7. C’est assurément mon plus beau repas depuis mon arrivée a Cairns. J’ai même du mal a digérer, plus habitue a tant manger a midi, ni a prendre un dessert sucre en fin de repas.  En partant, une bénévole me file des parts de cake à la banane, pour la route.

Un autre bon plan est, comme en France, de faire les poubelles des supermarchés le soir. On peut parfois trouver plein de bouffe encore emballé.

On me fait part du constat qu’il y a, comme en France, de plus en plus de personnes dépendantes des organisations sociales. Alors qu’il y a 30 ans on ne voyait pas de personnes à la rue dans les grandes villes, c’est devenu courant aujourd’hui.

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