Le trajet


Tuesday, June 4, 2013

L'Indonesie, part 1 : Java

Contrairement a ce qu’on peut lire sur internet, le ferry de Batam (dans le petit archipel indonesien a une heure de bateau de Singapour) a jakarta n'est pas cher, c'est surtout le speed ferry entre Singapour et Batam qui coute cher.
 
Par contre, prendre le ferry de Singapour a Jakarta n'est pas tres valable en terme de temps. On “perd” 2 jours de visa. J'en gaspille un de plus en allant a Batam la veille de prendre le ferry, pour m'assurer l'achat de mon ticket, bien que je savais que ca pouvait le faire en partant le matin même... Non seulement ce n'est pas nécessaire, mais j'arrive la billetterie est fermee...

Je passe néanmoins un bon moment, prends la temperature (c’est sur, je suis en Indonesie : bien que proche de Singapour, la différence est flagrante, même avec la Malaisie. Tout redevient un peu plus complique...) et dors dans une petite musholla (petite salle de prière musulmane, sans minaret) grâce au sympathique gardien.
 
A Batam, a cote de la musholla
Ce n’est cependant pas du temps perdu pour moi, cette petite "croisiere" de presque 28h est beaucoup plus intéressante que l'avion. Le confort n’est pourtant pas le meme que celui des ferry entre la Chine et le Japon, en tout cas en classe eco. Blattes et souris sont les autres passagers du navire.
Le ferry est largement utilise par les commerçants, l’avion revenant trop cher avec le sur-cout de leur marchandise.
Embarquement


Dwin s'étonne me voir en classe eco. Il me prend “sous son aile “, me met en garde contre les vols (il y en a a chaque trajet. La, une personne se fera voler 1 million de roupiah, environ 80 euros, l'équivalent d’un ½ salaire pour certains, voire 1 salaire), m’aide a faire des choix sur les endroits a visiter et m'établit un planning (que finalement je respecterai). Après des jobs fort intéressants dans le domaine de la haute-technologie, Dwin s’est reconverti dans l’apiculture. Il me fait goûter un miel de fleurs de framboise : dément !
 
La traversée est agréable, ponctuée par les repas (compris dans le billet). Encore faut-il aller les réclamer a temps, pas évident quand on ne comprend pas les annonces en indonesien.
 
On essuie un bel orage. Je passe le plus clair de mon temps a la “cafet’” sur le pont avec un couple belge-hollandais, les seuls autres blancs. C'est pour moi l'endroit le plus agreable du bateau, mais bizarrement, y'a jamais grand monde. Tant mieux.
 
La cafet'
On débarque a Jakarta vers 21h. Après un faux-départ,- Dwin voulait m’aider mais ça échoue - je passe la nuit devant le terminal. Mon intention est de tracer directement a Bandung, je squizze Jakarta, trop grand, trop peuple, trop “busy”. Je préfère passer mon temps sur les volcans. Je prends donc le bus le lendemain matin.

Bandung est aussi une grosse ville, la 4e d’Indonesie. Arrive, je n’ai qu’une seule envie : m’en éloigner. C’est le bordel, embouteillage, ça fourmille de partout. I’m not in the mood for it...

Je prends le premier bus qui me sort de la ville en direction de Lembang, et je continue a pieds jusqu'à Tanhkuban Parahu, un volcan en activité, comme beaucoup en Indonesie.


Il y a en fait une entrée payante. J’avais lu dans un Lonely Planet que c'était un “tourist trap”, comme souvent quand on peut accéder a un site par la route. Le nombre de car m’interpelle mais quelle n’est pas surprise en arrivant au bord du cratère : noir de monde, beaucoup d’eleves notamment, pleins de stands de souvenirs, de bouffe, des chevaux pour des ballades... Sûr, c’est un putain de vrai site touristique ! Mais ça vaut le coup.

Un des cratères est immense, impressionnant : 500 m de profondeur. Un petit lac repose au fond, une colonne de fumée s'échappe d’un orifice. Ça sent le soufre. Le 2e cratère derrière est fermé, a cause des gaz toxiques. La dernière éruption a eu lieu en 1983, une petite.


Il y en a un 3e. Des hommes m’offrent leur service en tant que guide. Impossible d’y aller seul apparemment, des gardes ne me laisseront pas passer. Je reste a leurs cotes, a regarder le chemin qui descend et le poste de garde 200 m plus bas. On discute. Au bout d’un moment, ils me suggèrent de tenter ma chance auprès des gardiens en disant que je veux rejoindre le parking, que je n’ai pas d’argent (les guides ont compris...) bla bla... Bonne idée. Je descend. Pas l’ombre d’un garde ! Le cratère est libre d'accès sans aucune restriction. C’est ça l’Indonesie.

Ce 3e cratère qui ne ressemble pas vraiment a un cratère, c’est plus un pan de montagne explosé. L'intérêt réside dans un geyser et de petites mares d’eau chaudes dans lesquelles on peut se faire d'agréables bains de pieds. L’eau sulfureuse, et surtout la boue, est tres bonne pour les problèmes de peau. Le moment fort de la visite consiste a faire cuire son oeuf. L’eau est a plus de 90°C près du geyser. Il y a peu de monde, c’est tranquille. Le fait est qu’il faut marcher 20-30 min a travers la foret pour y accéder. Sélection touristique naturelle.



C’est dimanche a Lembang : marche, bouchon, bordel... Je retourne a Bandung, pour tracer directement a Garut. C’est toujours le même bordel. Je tire mon chapeau a ceux qui voyagent uniquement en transport en commun. Du moins dans ce genre de pays. Moi, ça me fatigue. Ça peut être marrant mais je ne suis actuellement pas dans le délire. Et le fait de ne jamais savoir si tu paie le bon prix est casse-couille. Toujours oblige de marchander. Comme pour tout. Pour ça, je préfère le train, t’es sur du prix. Et t’attends pas que les wagons soient remplis pour partir...
 
J’arrive a Garut abruti et un peu paume. Je vais me réfugier dans une petite mosquée en face du terminal des bus. Enfin au calme. Une banane, quelques biscuits : ça sera mon déjeuner.
 
Assis au bord de la mosquee. Un gamin joue avec un cerf-volant;
J’erre ensuite dans la ville, indécis. J’y suis venu pour un autre volcan, mais il est a plus de 30 km. Un jeune me déverrouille la situation.

Je me retrouve un peu plus tard au pied de Gunung Papandayan, après avoir acheté un paquet de farine de riz, au cas ou, pour compléter mon reste de flocons d’avoine. Ça fait 2 jours que je mange des flocons d’avoine, j’aime bien les flocons d’avoine, c’est bon les flocons d’avoine. Avec quelques bananes et des biscuits, ça devrait le faire.
 
Je trouve ce que je cherche : la campagne et le calme. Et je retrouve également le plaisir de la marche : sourire, bonjours dans la zone habitée au pied de la montagne, tranquillité au milieu des cultures sur le flanc de la montagne. Je bivouaque a mi-chemin (je teste la farine de riz délayée dans de l’eau froide. Pas de surprise, c’est pas terrible... C’est un peu mieux avec de la noix de coco râpée mais ça rend pas la chose plus digeste...) et repart le lendemain matin avant le levé du soleil.


J’arrive au bord du cratère a 6h , encore une petite ½ heure et on est dans la gueule du monstre. Odeur de soufre a nouveau. H2S, souvenirs de certaines expériences au lycée. On s’amusait bien. Ici, en revanche, tu sens que ça plaisante pas. Le cratère est moins gigantesque que Tangkupan mais les fumerolles sont impressionnantes. Il faut s’imaginer le bruit, comme une énorme cascade, ou de la vapeur sous pression s'échappant de tuyauteries. Quand le vent ramène les vapeurs, ça commence a piquer un peu.
 
Les vapeurs se melangent aux nuages
Dans la montagne, apres le volcan

 
La journée est magnifique mais il se met a pleuvoir en fin d’aprem’, alors que je suis de retour au petit parking déserté. Brouillard, grosse fraîcheur. Un jeune m’informe que le volcan, actif, est ferme, trop dangereux. Il me demande si j’ai mal a la tête. Le centre d’accueil est effectivement ferme, et a part des locaux crapahutant en moto dans la montagne, je n’ai vu personne, pas un touriste. Un autre me dit que le statut est normal. Quoiqu’il en soit, c'était une belle ballade.
Je dors dans la musholla et redescend a nouveau de nuit vers le bled avec... un petit mal de tete.
 
 
Je rencontre plus tard Iwan, un jeune instint’, qui m’emmene chez lui, puis dans une plantation de thé gouvernementale. Je goûte le thé chez sa soeur. Assez proche en goût du thé turc.
 
 
Iwan
Retour a Garut. Je remonte aussitôt dans un minibus pour Tasikmalaya, ou je chope un train de nuit qui m'emmène a Yogyakarta. A peine arrive, je file a Borobudur, a 40 km a l’ouest de Yogya. Ici se trouve un temple bouddhiste du VIIIe siecle, classe a l’UNESCO. Le plus beau temple bouddhiste d’Indonesie parait-il. Je veux bien le croire. Je le classe aisément dans les principaux monuments a visiter dans le monde.
 





Je viens d'ailleurs d’apprendre, en faisant quelques recherches, que c’est le site le plus visité d’Indonesie. C’est effectivement bonde, avec encore plein de groupes d'élèves. Le droit d'entrée pour les étrangers est assez chère comparativement au coût de la vie (les indonesiens ont un tarif différent). L'entrée est également différente pour les visiteurs étrangers, avec un bâtiment d’accueil et un petite terrasse. Café, thé, bouteille d’eau offert. Je prend mon petit-dej’ sur la terrasse avant d’entamer la visite : cafe, banane et un bon martabak ou terang bulan bien gras, au chocolat et a la cacahuète acheté a Tasikmalaya. C’est une spécialité indonesienne, un genre de pancake épais fourre. Celui que j’ai acheté pisse l’huile, j’en jouit de plaisir. J'éprouve un gros besoin de matière grasse.

 
Abandonné et resté caché dans la jungle pendant des siècles, il fut “révélé” au monde par le gouverneur général anglais au début du XIXe siècle. En ruine, les neerlandais, ayant pris possession de l’Indonesie, commencèrent a le restaurer entre 1907 et 1911. La restauration fut complétée en 1975 par un le gouvernement indonesien et l’UNESCO. Un projet colossal qui a rendu au temple son allure d’antan. Magnifique.
 
 



Je reste scotche devant la tete de ce bouddha. J'apprends par la voix d'un guide
passant avec un groupe que c'est le plus beau bouddha du temple
Il fut recouvert de cendre volcanique lors de l'éruption du Merapi, un des volcans les actifs d’Indonesie, en 2010. Avec les pluies tropicales, la mousse etc... il est soumis a rude epreuve et necessite un entretien quasi permanent.
 
Je me reprends 2 cafés et 2 thés avant de repartir. J’obtiens le resultat recherche : la fatigue des derniers jours est temporairement balayee. Depuis mon arrivee a Jakarata, j’ai enchainé.

De retour a Yogya dans l’aprem’, je pose mon sac dans une petite guesthouse pour souffler un peu. Si Jakarta est le centre financier de Java, Yogya est le centre culturel de l'île. Et “intellectuel” (beaucoup d'université). C’est aussi le centre principal de fabrication des saris et des batiks, revendus notamment a Bali.

Dans le Pasar Beringharjo, marché de batik

Fabrication des fameuses marionnettes javanaises

Vente d'oiseaux
La ville est touristique, très vivante, et très étudiante donc. Beaucoup de jeunes le soir sur Malioboro, l'artère centrale de la ville.




Sur Malioboro le soir

Le palais du sultan
 
Le cheval est énormément utilise. A première vue, ça fait très touristique, mais en fait, beaucoup de locaux (voire une majorite) utilise ce moyen de transport. Avec les becaks, c’est un vrai anachronisme au milieu des voitures et des motos. C’est chouette d’entendre le bruit des sabots sur le bitume.
 

Après 2 journées passées a Yogya, je file tout a l’est de Java, a Probolinggo. Objectif : le mont Bromo, un autre volcan. Je rencontre Qomar et Dhany a la sortie de la gare. Eux aussi vont au mont Bromo. On restera ensemble les 2 jours . J'apprends que la grande attraction est le levé du soleil. Qomar et Dhany sont venus en grande partie pour ça.

On se lève a 2h du mat’. J’hallucine en traversant le petit village de Cemero Lawang : c’est blinde de monde, beaucoup de jeunes, tout juste arrives en voiture, en moto... Les vendeurs ambulants sont déjà sur le pied de guerre.
 
Je pensais que c'était au bord du cratère mais non, il faut monter l’autre cote de la vallée jusqu'à un point de vue de donnant sur le volcan. On se fait doubler par une procession de jeeps qui déposent les gens peu avant la plate-forme d’observation. Les chevaux prennent le relais. Puis les jambes.
Des stands de boissons et de bouffe sont installes le long de la route carrossable et en haut. Mon hallucination continue. Moi qui venait chercher la tranquillité... Putain de faux plan je me dis ! Je savais que Bromo etait touristique mais la, ça dépasse mon imagination. La plate-forme est bondée. Une rangée de photographes s’installe aux premières loges.

Ceci dit, une fois le fait accepte, c’est plutôt amusant, et je me laisse aller a l'espèce d’euphorie ambiante. Et c’est vrai que le spectacle - c’est un vrai putain de spectacle - est grandiose. Ce n’est en fait pas tant le levé du soleil l’objectif, mais le levé du jour sur la vallée et les monts Bromo, Batok et Cemeru. Voici le résultat :
 
Dhany et Qomar

En redescendant
Le cratère de Bromo est également impressionnant. Ça fait vraiment gouffre de l’enfer.
Gunung Bromo (a gauche) et Batok, vue de la plaine
Le cratere de Bromo

Gunung Batok
Après Bromo, je trace direct a Bali.
 
J’ai l’impression d’avoir effectue un séjour éclair a Java. D'avoir survolé. 10 jours, c’est pourtant pas mal, mais vu la taille de l'île... Il y a beaucoup de choses a voir.
Je n’ai cependant pas réussi a pleinement apprécié Java. Trop peuplé, trop agité. La fatigue peut-être. Je n'ai fait que fuire vers l'avant.
Et ce mode de voyage ne me convient pas. Consommer des sites touristiques me soule. C'est une question de point de vue mais apres 1 an et demi de voyage, j'ai l'impression de perdre mon temps.
 
Alors on continue, en avant toute, me voici Bali !

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