Le trajet


Thursday, June 28, 2012

La Georgie, part 2

Vue de la vallee de Khashuri
 Gamargjoba

Je ne suis pas reste a Khashuri, juste le temps de “travailler” sur internet, de manger un rajabauri - “la pizza georgienne”, une pate fourree au fromage, un peu dans le genre burek qu’on trouve partout dans les balkans et en Turquie, mais different. Avec le lobiani, c’est l’en-cas fast-foodideal pour moi. La cuisine georgienne , de ce que j’ai pu experimente chez les gens,est plutot bonne. Une autre specialite est le Khinkali (pronone rinkali), petite bouchee a la viande pleine de jus, mais aussi au fromage, a la pomme de terre. C’etait la petite paranthese gastronomique. Autre paranthese : l’influence de la mer noire est definitivement terminee, avec la petite chaine montagneuse Likhi. Le climat est de type mediteraneen (cigales a Mtskhta).

J’ai l’occasion de travailler dans une ferme, tenue par un francais, Jean-Jacques, via le wwoofing (principe : main-d’oeuvre contre hebergement et nourriture dans une ferme bio, du moins naturelle). Un desistement. Ici en Georgie, je suis face a un dilemne : marcher et profiter du pays ou aller directement a la ferme. Avec mon visa pour l’Azerbaidjan, je suis pris par le temps. J’ai pose une date d’entree trop courte. Mais ca se goupille mal. Je marche donc.
J’avais attendu le printemps pour trouver une ferme. Je m’y suis pris trop tard en Grece. Difficile de programmer quand on marche. Et  j’avais mon echeance pour Istanbul. J’ai privilegie le Mont Athos. J’ai finalement laisse tombe en Turquie egalement.

Mstkheta
A Khashuri, je consulte mes mails juste avant de quitter l’internet cafe : c’est toujours possible. Je change mes plans sur un coup de tete. Je sors de la ville et fais du stop. Je suis pris par un avocat avec qui j’ai d’interessants echanges. Nous passons a proximite de Gori, ville natale de Staline. La ville a ete occupee par les russes en 2008, la caserne militaire detruite (reconstruite depuis), des gens tues. Rappelez-vous, Sarkozy, au nom de l’Europe, etait intervenu et avait force les russe a se retirer. Voila pourquoi Sarkozy et les francais sont particulierement bien vu en Georgie. Des que je dis “Sapranguethidan movdivar” (je viens de France), les visages s’eclairent : “Ah Sapranguethi...”. Au bord de l’autoroute a ete construit des camps de refugies en dur pour les georgiens d’Ossetie du sud ayant fui la province separatiste.

A 18h, je suis a Mtskheta, a une dizaine kilometres de Tbilisi. Je voulais en effet voir cette ville, ancienne capitale de la Georgie. Il est de plus un peu tard pour debarquer a Tbilisi. J’y arrive le lendemain matin samedi et vais aussitot rencontrer Jean-Jacques sur son marche. Il ne rentre au village que lundi apres-midi. J’appelle alors Kenny, qui avait accepte de m’heberge. Je suis plus tot que prevu mais pas de probleme, bien qu’il ait deja d’autres couchsurfers. Ca fait un peu auberge de jeunesse.  Je croise une canadienne, un couple d’australiens et une australienne, un americo-israelien, une americaine, une polonaise, un syrien. Sans compter ses collegues, un couple d’iraniens, des anglais... Kenny adore ca. Lui-meme est americain et a la nationalite japonaise. Il est prof d’anglais dans une universiteinternationale et change de pays regulierement, principalement dans les pays de l’ex-URSS.
Le premier soir chez Kenny
Ma chaussure
A Tbilisi j’achete de nouvelles chaussures. En 6 mois (deja 6 mois) j’ai use ma premiere paire, neuve lors de mon depart. Il etait temps, l’usure m’inquietait. Mes craintes se sont confirmees quelques jours avant mon arrivee a Tbilisi : une petite pointe au genou droit apparait.
Panorama de Tbilisi



Champs de ble de Jean-Jacques
Je retrouve Jean-Jacques lundi et nous prenons donc la direction de son village, a 2 heures de Tbilisi, situe dans une petite vallee. Il cultive une ancienne variete de ble georgien, delaisse au profit de varietes plus productives. L’histoire est partout la meme. Encore aujourd’hui, le president actuel Saakashvili ne favorise pas la petite agriculture. Il faut de grosses exploitations, que ca pete.
Seule une association preservait la semence. Aujourd’hui d’autres s’y sont mis, dont des monasteres. Jean-Jacques lui en fait du pain, qu’il vend a Tbilisi, entre autre chose. Son pain a des aromes incroyables. Son prjet est encore a ses debuts, le but est de cree une vraie ferme. En biodynamie.

Au programme : recolte du tilleul, de menthe, de melisse, d’haricots verts, arrosage et bricoles dans le jardin, bricolage et bien sur fabrication du pain.
Fabrication du pain

Le four
Et le pain...


J’ai une super occasion d’aller en Tusheti, dans le caucase. C’est a environ 70 km et je peux laisse des affaires chez Jean-Jacques. L’appel de la montagne et de l’aventure est puissant On y accede par une route carrosable, certains villages ne sont pas relies, les gens se deplacent a pieds ou a cheval. Mais je decide de ne pas y aller. Ca m’aurait pris au moins 5 jours. Mon visa azeri me coince. Je prefere rester 2-3 jours de plus au village, alors que Jean-Jacques est a Tbilisi. Il me laisse seul avec “Rouslin” qui l’aide et mange parfois a la maison. Il y a beaucoup de boulot, ca arrange Jean-Jacques.
Fauche
Peu apres avoir quitte le village, je suis pris en stop par un camion-poubelle, a l’arriere. Original. Il me manque plus que la charette a mon palmares ! Mais le must serait d’etre pris par un side-car... Je prends ensuite un mini-bus pour Telavi ou je veux acheter 2 peches. “2 kilos ?” “Non, 2 peches”. C’est pas habituel et plutot embetant pour les vendeurs, comme en Turquie. La femme finit par me les donner, tout simplement. La femme d’a cote me donne un tomate, une petite botte d’oigon blanc frais et des piments. Je suis gene mais c’est comme ca.

Je reprends la marche a partir de Telavi, apres avoir campe pres d’un verger de pecher et m’etre fais une petite reserve. Du coup, j’ai change mon itineraire : je passerai la frontiere a Lagodekhi, et non a Gardobani, au sud de Tbilisi. Je mange des fruits toute la journee : mes peches, 2 belles nectarines qu’un homme m’offre, des prunes, des abricots et des mures blanches et noires (pas les mures habituelles, elles ne sont pas encore mures ; il s’agit de mures issues du muriersblanc, murier du vers a soie, arbre qui peut atteindre une quinzaine de metres) cueillis au bord de la route. On me propose parfois du vin ou du “ja-ja” (eaux-de-vie) mais je refuse systematiquement. L’episode au debut m’a suffit. Meme si j’ai passe de bons moments, j’suis definitivement “plus dans ca”. Si je peux eviter. Et les choses se presentent differement.

Dans l’apres-midi 4 jeunes s’arretent. Ils vont se baigner dans un lac. Finalement je les accompagne. Meme s’il fait moins chaud, c’est appreciable. C’est un nouveau lac, ouvert il y a 2 mois (du moins l’infrastructure).
Vue au lac d'Ilia (a droite la riviere)
En fin d’apres-midi un homme veut me donner une pasteque. Il y a des vendeurs (pasteques,melons jaunes, peches...) partout au bord de la route. Mais c’est enorme et c’est lourd. 5minutes plus tard, il me repropose. Il en choisit une “petite”. Je repars avec. 2 minutes plus tard, un jeune me mets un melon jaune dans les mains. J’en veux pas mais impossible de discuter. Il repart avec les autres et son etalage de fruits. J’suis bien emmerde. Avec le pain d’un kilo (meme si entame) de Jean-Jacques, un pot de miel d’un kilo (entame egalement), mes peches pas encore finies, quelques courses faites juste avant, une grosse bouteille d’eau que je venais de remplir...j’en chie grave ! Je m’arrete un peu plus loin, dans les vignes. J’avoue que je l’ai bien apprecie la pasteque. Mais je n’ai pas pu la finir. Ecoeure.


C’etait hier soir. Ce matin, j’ai rejoint la route pour Lagodeklhi apres 5-10 minutes de marche. La encore, des vendeurs de pasteques et de melons jaunes. Un homme veut me donner un melon mais je refuse gentiment. Je me suis enfile celui de la veille au petit-dejeuner et hors de question de me trimballer avec jusqu’a midi. Il me donne des bouts de pasteque. Un bus doit passer. Je decide d’abreger mon sejour en Georgie et de le prendre.
Mon bivouac d'hier soir

Et me voici donc a la porte de l’Azerbaidjan. Pour cet apres-midi.
Peut-etre reviendrais-je un jour en Georgie. Pour la montagne notament. C’est un beau pays, pauvre mais vraiment seduisant.
Je ne peux que vous conseiller d’y venir faire un tour.

Bonnes pensees a toutes et tous.

Saturday, June 16, 2012

La Georgie, part 1

 Salut

J’avais ecrit mon dernier billet a Batumi. Ca faisait plusieurs jours que j’avais passe la frontiere. Gros poste douanier, gros traffic, mais ca passe tout seul quand on est a pieds.
J’ai ete accueilli par une belle averse. Ca faisait un petit moment que j’avais le sentiment d’etre un peu sous les tropiques. Cette impression devient de plus en plus evidente : c’est effectivement une ambiance un peu tropicale, avec de la brume qui reste accrochee aux arbres aux sommets des collines (ca me fait penser aux reportages sur les forets en Republique centrafricaine), une vegetation a tendance tropicale. Je l’apprend un peu plus tard, la region est de type subtropicale : chaude et humide une grosse partie de l’annee.


1er bivouac en Georgie, peu apres la frontiere
A Batumi
En arrivant a Batumi, je rencontre Harry, un nigerian arrive il y a 6 mois. Il cherche a rejoindre la Turquie et peut-etre l’Europe ensuite. Ici en Georgie, il n’y a pas de travail. Il me propose d’aller faire mon visa pour l’Azerbaidjan. Il connait le gars qui s’en occupe au consulat. A peine arrive donc, ma demande est en route. On est vendredi, il faut que j’attende lundi. On se prend un mechant orage en ville, des trombes d’eau, un vent enorme, on est trempe. Je suis bien occupe durant le week-end : je profite de la plage, je me baigne, je me ballade... Une chose me surprend : l’eglise. Le sol est recouvert de foin. Une odeur delicieusement ennivrante rempli le lieu, odeur de foin bien sur mais d’autre chose egalement, de nourriture. Je mets un mot un peu plus tard : odeur de confiture en train de mijoter ! Un regal... L’eglise est un veritable lieu de vie, des gens passent, restent, se font confesser, des jeunes traversent avec des sceaux d’eau... C’est la premiere fois que je ressens ca dans une eglise. Batumi est une cite balneaire, avec beaucoup de complexes hoteliers en construction, que la plupart des Georgiens ne pourront jamais se payer.
Love statue a Batumi
Je quittes donc la ville avec mon visa pour l’Azerbaidjan en poche et reprends la marche.
A 5 km de Kobuleti, des echoppes sur le bords de la route retiennent mon attention : articles en bamboo, balais... On m’appelle, je traverse la route. On me paie un cafe, a la turc. Fini le the. Il est 19h, le cafe prepare est un pur delice.
5 minutes plus tard, un homme s’arrete et me propose de monter. Il s’arrete a Kobuleti, passe un coup de fil et me tend le telephone. Une francaise vivant en Russie a l’autre bout du fil ! En fait, l’homme m’invite chez lui. Malheureusement, ce n’est pas du tout sur ma route. Il me depose a une dizaine km de Kobuleti. Une aire de repos de routier. Des toilettes, une belle plage, de l’herbe, des arbres. Le spot ideal. Mais je suis loin de la route que je voulais prendre, qui partait du centre-ville.

Le lendemain, je marche pour en prendre une autre et recuperer mon itineraire. En chemin, je passe une voiture arretee au bord de la route. 2 turcs, l’un est couche sous le moteur de sa R25. Ils me proposent de m’emmener a Tbilissi. Ils me deposeront simplement a l’intersection de la petite route que je veux prendre. 1 heure 1/2 plus tard environ, une autre voiture sur le bord. Des hommes. De la biere. Je les salue en passant. “Hop hop hop, viens donc t’assoir 5 min et prendre un verre”. J’m’en prend 2 (et pas des petits). L’un des hommes, Irakli, m’invite chez lui. Avant, ils veulent aller acheter d’autres bieres. On y va a 4, musique a fond dans la caisse, et on revient ou sont rester les autres. Je me prends 3 autres verres. Un homme me montre la bouteille (en plastique de 2 litres) : 12%. Effectivement. Y’en aura eu 4 de vide.


Irakli (qui salue) et son frere
On va ensuite a l’ecole chercher son fils. Ils me font visiter le gymnase, un cours de lutte et l’ecole. On repars a 9 dans la caisse, dont 5 enfants (3 dans le coffre avec mon sac). On arrive chez Irakli. On dejeune, on boit - biere et vodka, qui se trouve etre en fait de l’alcool de miel, genre chouchen a 50%. Tres bon... Musique georgienne traditionnelle a fond dans la baraque, Irakli chante, on danse.
On va ensuite a la mer. Ils s’arretent en chemin acheter des glaces... et de la biere. Tout s’enchaine. 





L'anniversaire
Le soir, je suis convie a l’anniversaire d’un homme. On est une vingtaine, que des hommes. Le vin, naturel et excellent, coule a flot. Ils trinquent tres souvent. A chaque fois, un petit discours precede, chacun y passe. D’une maniere general, les georgiens trinquent toujours pour quelque chose de precis : la famille, les parents, les freres et soeurs, les proches disparus, la France et la Georgie, l’amitie entre les 2 pays...



Le lendemain, le demarrage est un peu dur mais ca va. Irakli repars a la biere et a la vodka. Je m'en tiens au cafe.
Je marche meme pas loin de 25 km. A vrai dire, je ne sais pas comment j’ai fait. Au bout de 2 heures de marche, je m’arrete a une fontaine. Une femme vient laver des draps et m’invite a boire un cafe, aussitot suivi d’un repas. Le lendemain je traverse une petite plaine de champs de mais. Beaucoup de gens y travaillent, des chevaux aussi, tractant la charrue. Un moment donne, des hommes casse la croute surt le coffre dune voiture. Ils m’invitent a approcher et me servent un verre de gnole, puis un 2e, puis un 3e... Je mange avec eux. Ils sortent le vin.
Avant de partir, j’ai le malheur de demander si je peux prendre une photo : c’est l’occasion de remplir une 4e ou 5e fois le veere de vin. Toujours cul-sec, apres avoir trinque pour quelquechose. Je repars je n’ai plus les memes jambes ! Heureusement il bruine, ca fait du bien. Au bout d’une heure, il faut bien se rendre a l’evidence : j’ai une bonne claque. Mais je marche.

Le casse-croute
J’arrive enfin a Chokhatauri. Je m’assois sur un banc, a cote des taximen. Je m’assoupi. Au bout d’une demi heure j’ai recupere. Je vais au mini- market de l’autre cote de la route. Je demande du pain et du fromage. La serveuse, apres m’avoir pose les traditionnelles questions qui, d’ou, ou, comment, pourquoi... me fais signe de passer par derriere. Ca donne sur un petit resto. Elle me dis de m’assoit et on me sers du pain dans une corbeille et du fromage dans une assiette. Soit. C’etait autant pour le soir mais faut que je mange, le casse-croute de 10 heures est deja loin. Un ploicier accompagne d’un homme arrivent, se prennent une biere. 2 taximen se joingnent a eux. Ils me proposent un verre. Face a leur insistance, j’accepte “mais un tout petit peu”. Un peu, c’est une pinte. J’m’en prends 2, ou 3, je ne sais plus. Un jeune arrive, achete une bouteille de vodka. On la vide. A peine remis, me voila dans le meme etat dans lequel je suis arrive. Je vais pas m’en sortir...

A la sortie de la ville, un jeune homme m’apporte un verre de vin. Son vin. Pour l’energie qu’il dit. Si on veut. Mais j’en ai un peu moins d’energie. La j’accuse un peu le coup. En plus ca monte. Au bout de 2 heures, je m’assois sur un plot au bord de la route. 2 hommes me reveillent, je ne me suis pas senti m’endormir. Visiblement, eux aussi ont bu. L’un d’eux, Nodar, m’invite chez lui, juste a cote. On discute, Roland, un oncle passe. Au bout d’une heure, sa femme, Nestan, me propose de m’allonger. Je dors 2-3 heures ! Le soir, ca va mieux, on dine, mais c’est Nodar qui lutte. Trop de vodka. Ils me proposent du shnaps, mais c’est non. Personne ne bois du reste...
Nodar et sa famille

Le lendemain je m’arrete a une fontaine, comme souvent. L’homme dont la maison est a cote m’invite a boire un coup et a manger. Je decline. Je vois bien qu’il est decu. Au bout d’un  moment, il me propose un cafe. J’accepte. Finalement sa femme nous sers a manger. Et il sors son vin. Je bois plusieurs verres. Heureusement il n’est pas fort, genre cidre. C’est d’ailleurs un rose legerement petillant. On se montre nos photos.

Ils me donne le reste du fromage. C’est en fait du caille, comme toujours. Celui-ci date de la veille. Un jour, on me fait gouter un fromage du matin, a peine egoutte. 



Dans l’apres-midi je m’octroie une petite pause bain dans une riviere. Le paysage depuis Chokhatauri est magnifique, collines boisees, fougeres, riviere au fond de la vallee, petits villages, vaches, cochons sur la route... En fin d’apres-midi, je crois m’en etre sorti, je suis en vue de la riviere Rioni dans la plaine. Je me dis que ca devrait se calmer une fois cette petite route quitte, une fois sur l’axe principal. Rate. Un jeune s’arrete. Mais je vais dans le sens oppose. Il repars mais reviens 2 min plus tard. Il m’invite pour la soiree et me conduira a Samtredia le lendemain matin. C’est Nougzar, un militaire.

Musique a fond dans la caisse. Tout est excessif. Il me sers la main toutes les 2 minutes. Sa personnalite sans doute. Ce qu’il a vecu en Afghanistan peut-etre. Il y a perdu 4 de ses amis, lui-meme a les tibias bardes de cicatrices. Quand on frole la mort... Mais je m’apercois que sa fille est comme lui, pleine de vie. On va d’abord chez des amis a lui, d’une 50aine d’annes, par un long chemin completement defonce. On bois du vin. Puis on va chez lui, c’est-a-dire dans la maison familiale, comme souvent en Georgie, tout le monde vit sous le meme toit, parents, enfants, conjoints, petits-enfants. Son frere prepare des grillades. Il ouvre une jarre de vin scelle et enterre.
Avant
Apres

Comme il y a 2000 ans j’imagine. Depuis le debut je ne bois que du vin fais maison. La Georgie a une vraie et grande culture vinicole. Presque tout le monde fais son vin. D’apres, la vigne serait “apparu” en Georgie (mais en Grece, on aurait retrouve du raisin sauvage). Bref, la conclusion de la soiree, c’est que je suis fin pete.

Le lendemain, Nougzar me reveille a 5h30. J’suis pas au mieux. Il me depose a la sortie de Samtredia, il est 6 heures du mat’. Lui part a la caserne, moi je commence a marcher. Au bout d’une heure un banc m’appelle. J’attends. Il y a un peu de mouvement, le voisinage vient discuter, un homme me propose du vin, de la vodka. Niet. Je me suis en fait assis devant la maison d’une femme qui parle francais. Elle m’apporte une tasse de cafe et un biscuit. Elle et son mari restent discuter.
Le voisinage
Puis on passe chez eux. Un jeune passe au banc vers 8 h, tout juste reveille (a l’evidence la soiree a du etre arrosee), m’avait propose de m’emmener a Kutaisi en minibus, convoi special pour une manif’ contre le pouvoir en place. J’ai finis par accepter. Il passe a la maison vers 11h. Il est soul. Je mange avec Irakli, le mari de Katrina (je bois 2 petites gorgees de vin, pour faire plaisir), et me voila parti pour Kutaisi avec les activistes de l’opposition. La moitie en ont un bon coup. La manif’ n’ayant pas lieu tout de suite, le jeune me dit de revenir, il veut que je rencontre le leader de l’opposition, interview et tout. Hors de question evidemment. Dans l’immediat, ce que je veux, c’est un internet cafe. Je ne me suis pas connecte depuis Batumi. J’en trouve un au premier etage d’un vieil immeuble, pieces quelque peu delabrees, ma becane rame comme c’est pas possible. Je lui en demande peut-etre beaucoup, mes photos pesent lourd. Je ne reviens pas a la manif’.

Le soir je prends la direction du monastere de Gelati, a 5-10 km, que je visite le lendemain. La Georgie, une des premieres regions christianisees, possede beuacoup de monasteres et d’eglises du IX et Xe siecles. Le monastere de Gelati a ete construit en 1106 par le roi David Aghmashenebeli (David the builder) qui unifia les provinces georgiennes.
Monastere de Gelati
Comme en Cappadoce, l’interieur est recouvert de peinture. Le lieu est paisible, de nombreux georgiens y viennent se recueillir. Pour revenir a Kutaisi, un policier en pick-up me prend et me depose a l’entree de la ville, puis un jeune taximan jusqu’au centre-ville, gratuitement. Chouette, je peux passer un peu de temps a Kutaisi, que j’ai bien aime, et aller dans un autre cybercafe, avant de reprendre la route pour Tbilissi.
Kutaisi
On m’indique le plus court chemin pour la rejoindre du centre ville. Petite rue, puis rue residentielle. Un homme me donne sa bouteille d’eau gazeuse tout juste achetee. Un peu plus tard, des hommes sont attables, a 100 m de la route. Ils m’appellent. Il est 19h mais je vais les rejoindre, au moins pour les civilites et dire qu’il est tard et qu’il faut que je me depeche avant la nuit. En fait, on donne autant qu’on recoit en s’asseyant pour un the, une biere ou simplement discuter 5 min. Ca parait normal quand on va chez quelqu’un de repondre a un appel, une invitation. Ils me proposent de la biere mais je les remercie, en disant que j’en ai pris une bonne la veille, ce qui est faux, c’etait y’a 2 jours, mais j’ai plus envie. Je trinque avec du coca. Certains sont deja un peu emeches, une bouteille de vodka vide trone sur la table. Ils sont entre amis et famille. Ils me font gouter du serpent. Ils appellent Saeed. Il vient du Bengladesh et bosse a la boulangerie a cote, que je visite. Le boss me donne un pain tout juste sorti du four, je manque de me bruler les doigts. Un des hommes, Isirekidje, m’invite. Il a une belle maison, avec bien sur, de la vigne.
Isirekidje, a gauche. Le jeune a droite m'a donne un tee-shirt de l'opposition. Je m'etais debarasse a Batumi d'un tee-shirt donne en Turquie et d'autres trucs pour m'alleger...
On mange entre hommes mais les femmes sont la. Je ne bois que quelques verres de vins - pour la premiere fois du vin rouge - pour trinquer. Ils ont compris que je ne veux pas etre malade et que c’est incompatible avec la marche. On chante, on danse, l’ambiance est a la fete.

Le lendemain, avec les quelques course faites la veille et la nourriture qu’il me donne, je repars charge comme un mulet. Il fait chaud, tres chaud. Heureusement il ya un peu de vent. Je fais de bonnes etapes. Je rejoins Zestaponi, je m’arrete a l’eglise d’Ubisa. Le paysage est merveilleux. La route est un peu chargee, camions, cars, voitures mais ce n’est pas les 2x2 voies turques. Collines boisees (une grande partie du territoire est recouvert de foret), rivieres, dans lesquelles je me baigne, au fond de petites vallees.

On me donne des verres d’eau fraiche. J’ai change mes habitudes alimentaires : pain, fromage, tomates... le matin. A midi je ne mange pas. Mon corps ne reclame pas, trop chaud. En revanche, petit gouter dans l’apres-midi : fruit et helva (genre nougat a base de sesame, hyper energetisant). Et bon repas le soir.

Dans la montee du Rikoti Pass, avant Khashuri, un homme me dit de m’arreter, pour me rafraichir, boire de l’eau. Des gens s’arrete egalement. Ils me donnent un bout lobiani, du pain fourre de pate d’haricot qu’ils viennent d’acheter, prepare sur place. C’est delicieux mais ca a du mal a passer. J’ai pas vraiment faim et c’est sec dans ma bouche. A peine j’ai bu que ma bouche est deja seche et j’ai de nouveau soif. Ils me proposent de m’emmener au col. J’accepte. Ils me deposeront finalement a Surami, a 5 km de Khashuri. J’ai ainsi toute l’apres-midi pour ecrire le brouillon de ce post et me reposer. La chaleur m’a en effet un peu epprouve. Pas encore habitue.
C’etait avant-hier.

J’espere que je ne vous ai pas soule avec mes histoires de biere, de vin et de vodka. On m’avait prevenu que ca m’arriverait...


A bientot

Monday, June 4, 2012

La Turquie, part 3

Bonjour a toutes et tous


Je vous avais laisse a Giresun, il y a 10 jours. Giresun, cite de la noisette (et de la cerise egalement). Premiere deception : la mer noire n'est pas noire, elle est bleue ! On m'aurais donc menti ? Je m'inquietes au sujet de la mer morte : si ça s'trouve, elle est vivante !

Arrive sur les coups de midi, je m'etais pose sur un banc pour dejeuner. Apres avoir discute avec des vieux et des jeunes filles, des gars viennent me voir. Etudiants. L'un d'eux parle bien anglais (futur prof d'anglais : j'en rencontre plein des profs ou des futurs profs d'anglais). Ils m'invitent a manger un döner. Puis me propose d'aller se ballader au chateau. On passe un agreable moment ensemble.
Samet, me, Tuncer et Mehmet
 La ville etant temporairement coupe d'electricite, donc pas d'internet cafe, je decide de tracer. Un ami a eux, chauffeur de dolmuş, me propose de m'emmener a Eynesil gratuitement. 70 km. Apres les 115 km du matin offert par la police, c'est interessant ! J'avais decide de recommencer a marcher a partir de Giresun. Le temps etant maussade - il se remet a pleuvoir - je reporte et accepte le lift.

Je reprends donc enfin la marche. Le soir, je campe dans un champs de noisetier, a flanc de colline.


Le lendemain, a Beşikdüsü, je sors d’un internet cafe et... on m’invite a s'asseoir et a boire un the. C’est devenu une agreable “routine”. Je m’apprete a partir : “Mais t’as pas mange ? As-tu faim ?” J’ai beau dire que c’est ok (je prenais en fait la direction d’une superette) celui qui m’a paye le the m’offre un döner. Je sympathise avec l’equipe du kebab.

Re-the. Je suis stoppe 3 fois dans l’apres-midi pour boire un the. Du coup, je suis un peu tard. La nuit tombe, pas d’endroit correct pour camper. Je tente une petite route qui monte. Apres 5 minutes, des gens sur une terrasse m’interpellent : pas possible de camper vers la-haut. Je m’apprete a rebrousser chemin... “Mais as-tu mange ?” Tu dois avoir faim ?”. Encore une fois, difficile de refuser l’invitation, j’ai comme l’impression d’offenser si je trace. tant leur façon d’inviter est “chaleureuse”. Un des jeunes me conduit ensuite pres du port de peche, garde : je dors en toute securite.

Trabzon
J’arrive alors a Trabzon, grosse ville. Je croise par hazard un couple de Quebequois rencontre en Cappadoce. Il me propose de m’emmener au monastere de Sumela, assez repute. J’avais initialement prevu d’y aller mais j’y ai renonce la veille au soir. Ça fait plus d’un mois et demi que je suis en Turquie. Il faut que j’avance. Je m’etais fixe la Georgie debut juin maximum. On y est. J’avais egalement prevu de passer par la montagne pour gagner la Georgie. J’ai change mon plan, je longe la cote jusqu’a la frontiere. Bref, je decline l’invitation, bien que ce soit tentant. Fini le tourisme en Turquie. J’ai deja l’esprit un peu en Georgie d’ailleurs. Anticiper l’arrivee est essentiel.

A Trabzon, je rencontre egalement Cuneyt, jeune tattooist installe depuis un mois. En fait, il fait ça comme hobby.
Me and Cuneyt

Il est etudiant en temps normal. On discute, on boit du cafe. Et je le quittes il est presque 19h. Apres les 2 nuits precedentes a gallerer a trouver un coin pour camper (parce que pris par la nuit), je m’etais promis de quitter la ville de bonne heure pour avoir le temps. Rate. En plus, il tombe quelques gouttes, j’ai tout gagne. Heureusement, pas de quoi effarouche un chat. Et ça ne dure pas. En meme temps, marcher quand le soir tombe, en quittant une ville comme dans la nature est super agreable. Et ça peut donner ça (meme si ca ne rend pas tres bien) :

Finalement, je m’en sors pas trop mal. Je marche 1h30 et campe dans un petit bosquet de noisetier.

La region est assez arrosee, les nuages restant bloques par la chaine de montagne bordant la cote. Le paysage reste vert toute l’annee. Je n’echappe donc pas a la pluie. Je m’abrite quand je peux et attend que le nuage passe. Quand je ne peux pas... je seche un peu plus tard, le soleil revenu. Il fait chaud d’ailleurs, mais pas trop, c’est agreable.


A Süreme, j’ai l’occasion d’aller directement a Hopa, a la frontiere georgienne. Un routier, rencontre la veille, m’avait dit qu’il surveillerait le bord de router et s’arreterait pour me prendre s’il me voyait. Il me voit et s’arrete. Mais je ne monte pas a bord. J’ai beau avoir un pied en Georgie, j’ai pas prevu de mettre le deuxieme tout de suite. Une deuxieme occasion se presente dans l’apres-midi. Un autre routier arrete sur une aire et qui me paie le gouter.
En fin d’apres-midi je visite une usine a the (qui a priori ne se visite pas...). Il y en a une tous les 2 km ! 
Cheminee d'une usine a the
The fraichement recolte
La region est en effet une grosse region productrice de the. J’avais juste demande si je pouvais avancer pour voir le dechargement des feuilles de the de plus pres. J’ai finalement eu droit a une visite guidee de l’ensemble de la chaine de production. Fort interessant (Photos interdite, dommage). 
Et forcement, un the avant de partir. En fait, avec les champs de the je me croirais presque deja en Asie du sud-est !
Champs de the. Tout en haut, c'est la recolte
On m’offre mon 4e the de l’apres-midi un peu plus loin. Et je finis par etre tard ! Un policier de passage m’indique ou je peux camper. Je refuse le 5e the 20 m plus loin, alors que je m’etais arreter laver mes feuilles de choux recoltees un peu plus tot. Je m’arrete a l’endroit indique, une petite aire de pic-nic a l’entree de la ville. Des gens finissent de diner. Ils m’apportent du the, un kebab et du hevla. Je cuisine quand meme mon choux, avec une patate qu’on ne m’a pas fait paye.

J’arrive a Rize ou je rencontre Gunes qui fait des etudes pour devenir capitaine. Je ne reste pas mais j'ai l'occasion de me faire raser. J'avais pas prevu mais c'est pas plus mal avant de passer en Georgie.
Me and Ercan
Je suis heberge un peu plus loin, a une quinzaine de km par Ercan, responsable des relations publiques d’une grosse mine de cuivre.


Je mets ensuite 3 jours a gagner la frontiere. Comme tous les grands axes en Turquie, la route est une 2x2 voie. Ce n’est pas un luxe pour les voitures, il y a pas mal de camions. Mais ce n’est pas l’ideal pour marcher. Dommage aussi pour le paysage. La route est coincee entre la mer et les collines, et separe les villes de la cote et des plages..

La mer noire

Apres donc presque 2 mois passes en Turquie, je quittes le pays avec un sentiment partage, comme a chaque fois depuis le debut : content de decouvrir un nouveau pays et un peu triste de quitter le pays traverse... Je peux dire aisement que je suis tombe amoureux de la Turquie. Evidemment je ne vois que les bons cotes, meme si j’en perçoit des moins bons.
J’ai fini par ne pas etre trop ridicule en turc, meme si je suis vite limite. Mais en tout cas, ca fait plaisir aux gens quand ils voient que tu parles un peu. Cependant, depuis la Croatie mais surtout ici en Turquie je regrette mon allemand. J’ai eu maintes fois l’occasion de parler allemand, ca revient un peu, mais c’est frustrant.
On a voulu “me convertir” a l’islam a plusieurs reprises. Je ne cherchais pas a expliquer pourquoi je n’ai pas envie, du moins aux yeux des hommes. Mais j’ai eu d’interessantes discussions. En tout cas, ce qu’il y a de biens avec l’islam, c’est que tu peux te laver les pieds, faire un brin de toilette super facilement, aux fontaines des mosquees...

J’aurais encore beaucoup d’endroits a voir en Turquie. Mais voyons voir la Georgie...


A bientot pour mes aventures georgiennes

Bises