Le trajet


Tuesday, September 24, 2013

L’Australie, part 2

How' you goin' mates ?

J'espere que vous avez tous passes un bon ete et de bonnes vacances.

Je reprends la ou j'en etais : chez Rowan. J’aurais très bien rester les 3 mois de mon visa. Mais je respecte mon plan de départ : partir dans le Queesland. Mon objectif était double : retrouver des températures estivales (même si, finalement, c’est pas si mal sur Sydney), et éventuellement bosser un peu dans une ferme.

Sur le conseil de Rowan je prends l’avion pour Cairns. Moi qui ai évité l’avion, pour plusieurs raisons, jusqu’en Indonésie, je vais maintenant en abuser. C’est ridicule, mais bon…


On ne parle plus d'hiver a Cairns, mais de saison sèche. Il fait moins chaud qu’en saison humide (hiver européen) mais il fait chaud. Rien de spécial a Cairns. L’unique intérêt est l'accès a la grande barrière de corail. C’est un vrai business évidement. Et un gros budget. J’oublie très vite. J’y serais allé si je n'étais pas seul, ça vaut quand même le coup.
Je reste a Cairns plusieurs jours. Je dors sur la plage, profite des barbecues électriques, des douches publiques du lagoon (piscine ouverte et gratuite en bord de mer. On ne se baigne pas a Cairns, il faut monter un peu plus au nord : d’une part l’eau est un peu trouble, et d’autre part, y’a des crocodiles. Y parait. Je remarque d’ailleurs un panneau bien en évidence “Attention crocodiles, campez loin de la plage etc...” après ma 2e nuit sur la plage.


Tu dors aussi bien que dans ta chambre quand tu sais pas… On me confirme plus tard que, bien que rare, il arrive d’en voir dans les parage, la mangrove est toute proche).
Bref, pas besoin de camping ou de Guesthouse, tu peux vivre pour que dalle.


Rowan m’avait suggéré d’acheter une voiture. On peut en trouver pour quasiment rien, beaucoup de backpackers * quittent l’Australie de Cairns, c’est moins cher. Ils vendent alors leur voiture. Plus la date de leur vol approchent, plus ils baissent leur prix, jusqu'à la brader s’ils ne trouvent pas d’acheteur. Mais faut quand même avoir de la chance. Avoir une voiture serait plus facile pour trouver du boulot, mais l'idée en fait est de la revendre a Sydney par exemple, et bénéficier d’une belle plus-value. Encore mieux que de taffer ! Je trouve bien des voitures pour pas très chères, mais je laisse finalement tomber. J’ai laisse en fait l'idée de travailler. Je préfère profiter du temps qu’il me reste pour me balader, je ne suis peut-être pas prêt de revenir en Australie. Ce n'est pas comme si j'etais a sec. Meme si l’Australie est chère, comme je le disais, on peut vivre pour rien ici, juste acheter sa bouffe. Et la voiture est une mauvaise idée en definitive. Un de mes objectifs principaux ici est de  progresser en anglais. Dur de parler, seul dans ta voiture…


Saut de ski nautique sur le lagoon

Je pars donc en stop.
Direction les Atherton Tablelands tout d’abord, a l’ouest de Cairns. J'apprends, lors de mon premier lift, que l’agriculture australienne est, d'année en année, de plus en plus faible. A vérifier, mais mon chauffeur semble savoir de quoi il parle, il a travaillé toute sa vie dans les fermes. Un exemple : la banane. L’Australie importe de plus en plus de bananes étrangères, des Philippines ou d’Amerique du Sud. Moins chères évidement. Je vois pourtant que des bananes australiennes dans les magasins, mais le Queesland est la grosse région productrice. Mon chauffeur revient d’une chimio a l'hôpital de Cairns. Cancer du colon. La faute des engrais et des pesticides. Et de son inconscience. Mais c’est trop tard me dit-il. Aujourd'hui encore, beaucoup agriculteurs dans le coin, bien que conscient du risque, continuent de s’en foutre et ne portent aucune protection. Ça parait fou. Peut-être une façon inconsciente de nier la dangerosité des produits, l’impact et le non-sens de cette agriculture.


Route vers les Tablelands

Apres Mulgrave, la route ascendante serpente dans la foret qui change d’un seul coup : d’une végétation plutôt sèche, on passe dans la “rainforest”. Les Tablelands se situent entre 700 et 1000 m d’altitude.
Je m'arrête au lac Barrine. C’est un lac volcanique, engendré par une explosion due a la pression des gaz. Le trou formé s’est ensuite rempli d’eau souterraine et pluviale. Ni rivière entrant ou sortant du lac donc. Un sentier de 5 km fait le tour du lac, dans la rainforest aux arbres incroyables.
Les twins kauri pine, descendant de coniferes primitifs
Beaucoup d’oiseaux au bord et sur le lac, dont un majestueux pélican.


Et l’Australian brush turquey. La femelle  a la particularité d’enfouir ses oeufs sous le couvert végétal, l’incubation se faisant grâce au soleil chauffant l’humus. Les petits, après avoir percé la coquille, doivent en plus se frayer leur chemin jusqu'à la surface. Dur dur l’entrée dans la vie !

L'Austalian brush turquey
Mais pourquoi cette bande jaune a la base du coup ? Et pourquoi la tête rouge ? Et pourquoi il n’a pas de plumes sur la tête d’ailleurs ? Pourquoi la nature est-elle si belle et si étrange ? Pourquoi, pourquoi…

J'enchaîne ensuite avec le lac Eacham, a 5 km environ. C’est le petit frère du lac Barrine.

Sur le sentier bordant le lac Eacham

Je passe ensuite au lac Tinaroo, énorme lac artificiel cette fois, créé a des fins d’irrigation.

A Yungaburra, pres du lac Tinaroo. Batiment d'epoque
J’ai la chance de voir un ornythorinx a Malanda Falls (platypus dans mon précédent post, je ne me souvenait plus du nom français). Drôles de noms. Ça lui sied bien. A drôle d’animal, drôle de nom.
Je mets quand meme la photo, pour la gloire. Je n'ai malheureusement plus de zoom sur mon appareil.

J’observe également un Lumholtz tree kangaroo, ce qui est assez rare.
Il y a pas mal de chutes d’eau dans les tablelands. Trois belles cascades forment un petit circuit de 15 km. Voici les photos :


Milaa waterfalls

Paysage des environs. La rainforest a ete tres tot rasee par les colons. C'est desormais une terre laitiere. .

Zillie waterfalls

Ellinjaa waterfalls. C'est la derniere du "circuit". Petit bain oblige...

Mon lift pour Innisfail, sur la cote,  m'emmène finalement a Mission Beach. J’avais pas prévu mais pourquoi pas. Ici vit l’émeu d'Australie. Je serais bien reste pour tenter d’en voir un et lui serrer la patte, d’autant plus que je suis invite a squatter chez un woofer, mais je rencontre 4 jeunes backpackers français le soir. Il parte a Townsville le lendemain, je profite du lift. Ma mission est simple : rallier Sydney en 1 mois et demi. Ça parait largement jouable, mais si je veux visiter quelques endroits, ça me laisse somme toute peu de temps, la route est longue, plus de 2000 bornes.
Mission Beach
Je reste finalement 2 jours avec eux.
Rien de transcendant non plus a Townsville, c’est une ville australienne… Le sommet de Castle Hill offre néanmoins une belle vue de la ville, de la baie, de Magnetic Island et des alentours.

Vue de Townsville et de Magnetic Island
Après Townsville, c’est canne a sucre, canne a sucre, canne a sucre. Dans  le genre monoculture… Je m’en taille quelque unes.

Des petits trains acheminent la canne a sucre aux usines
On observe un changement avant d’arriver sur Bowen, ou est cultive principalement le poivron, la tomate et la mangue. La mangue de Bowen est d’ailleurs réputée. Elle a été importée d’Inde, d'où elle est originaire, dans la 2e moitie du XIXe siècle et, après sélection, a donne la variété Keningston, une des plus savoureuse parait-il (ce n’est pas la saison, je n’ai pas la chance de la goûter). Elle fait aujourd'hui, entre autre chose, la gloire de la ville. A tel point qu’une mangue géante  de 210 m de hauteur a été érigée par la municipalité, pour booster le tourisme. Coût de l'opération : $90,000 …

Pour les cinéphiles, c’est a Bowen qu’a été tourne en 2007 le film “Australia” avec Nicole Kidman et Hugh Jackman.




Je laisse finalement de coté Airlie Beach et les Withsundays islands, ainsi que Cap Hillsborough - je ne peux malheureusement pas aller partout - et me pose un moment a Mackay. Enfin sur la plage, a 2 km de la ville.


Sur la plage de Mackay


Notre bivouac
Après, je trace jusqu'à Agnes Wager. Mon dernier lift me propulse de 500 km. Grâce a Jesse, qui voyage depuis 15 ans en 4x4, travaillant ici ou la quand le besoin s’en fait sentir. Il passe la grosse partie de son temps a pêcher, dans la jungle, dans la mer, a plonger, a surfer. Tu le changes d'époque, voire de lieu (amerique du nord par exemple), tu remplaces le 4x4 par un cheval, et t’as le parfait ”cowboy” chercheur d’or, vivant dans les bois etc… On bivouac ensemble.


Leve de soleil sur la plage d'Agnes Water
C’est ici que James Cook arriva pour la deuxième fois sur le sol australien. C’est plus exactement a Town of 1770 (la ville se dit simplement seventy seventeen), a 6 km au nord d'Agnes Water, qu’il accosta le 1770 (le 24 mai), d'où le nom de la ville.






C'est un bel endroit pour passer de sympathiques vacances. C'est aussi le premier spot le plus au nord de la cote est pour le surf, la pointe sud de la grande barriere de corail se situant juste au large, un poil plus au nord.

Le stop n’est pas si désagréable, malgré ce que j’ai pu écrire dans un autre post, dans la mesure ou je l’ai décidé. J’ai néanmoins la nostalgie de la marche. Pour compenser, je décide de rejoindre la route menant a Bundaberg en passant par Deepwater National Park et Baffle Creek. Le parc, le long de la cote au sud d’Agnes Water, est tout petit, je le traverse dans la matinée, empruntant une piste sableuse dans une foret d'Eucalyptus et autres essences.

C'est magique, l'ete d'un cote, l'automne de l'autre... Il y a beaucoup de feu de foret

La piste devient goudronnée avant Baffle Creek. La météo est quasi parfaite : assez chaud en journée mais sans plus (le soleil cogne quand même), et une agréable petite fraîcheur le soir. Je suis pris en stop avant de rejoindre la route de Bundaberg par un couple qui m’invite chez eux. Neil et Petronella possèdent 170 bovins de race Red Brahmans.

Neil avec 2 beaux tauraux, 900 kg environ

La région a connu l’ete dernier (début de cette année) les pires inondations depuis au moins 100 ans. Cyclone Oswald. Ils ont été bloque pendant 6 semaines de tout (route, électricité, téléphone). Neil me montre jusqu'où l’eau est montée, c’est impressionnant. Au pic des intempéries, ils ont pris 1 litre d’eau en 3 jours. A un endroit ou je suis passe a pieds, l’eau est montée de 22 m. J’ai eu du mal a le croire, j’ai toujours du mal a le croire, ça parait démesuré. Mais a Bundaberg, l’eau est passée par dessus les ponts enjambant la rivière Burnett. Il y a bien 5-6 m du pont au niveau actuel de l’eau. Mais 22 m ! Des maisons ont été emporte.
Et en ce moment, c’est très très très sec. C’est la saison sèche la plus sèche de mémoire d’homme. Des zones sont déjà déclarées sinistrées. Des éleveurs ont perdu la quasi totalité de leur bétail : plus rien a manger, plus rien a boire.
Depuis que je suis parti, j’ai entendu plusieurs fois ce type de remarque : c’est l’hiver le plus rigoureux, aussi loin que les anciens se souviennent, il n’y a jamais eu autant de neige, c’est l'été le plus chaud depuis bien longtemps etc...
Neil m'emmène le lendemain a Bundaberg. A nouveau des plantations de canne a sucre. Mais cette fois, c’est pour en faire du rhum. La distillerie de Bundaberg, née en 1888, se visite. Chouette me dis-je. Je déchante : $25 ! What the fuck ! Ils offrent une dégustation a l’issue de la visite… Fuck off ! 5 ou 10 $, je veux bien mais 25 !

Dans une rue a Bundaberg, je surprend un jeune mutant s'exercant avec le lampadaire.
Je rencontre et discute pour la première  fois avec des aborigènes. Nous avons dormi dans le meme parc. Après la Calédonie, j’ai été un peu surpris de n’en croiser si peu. Sydney m’a paru étonnamment blanche (enfin type caucasien et asiatique principalement). Je pensais que ce serait différent a Cairns. J’en vois bien un peu plus (c’est d’ailleurs choquant, je croise un groupe squattant et buvant. Je n’ai pas encore vu de blanc dans cette situation) mais ça reste très blanc. Chasses de leurs terres, et des centres-villes, places dans des reserves etc, comme aux US, bref c'est connu. On me dit qu’ils sont davantage dans l'outback.
Reste que la politique segregationniste puis d'assimilation a ete efficace. Ils se sont eleves pour retrouver leurs droits, mais Bradley me fait part d'un certaine discrimination par les flics notament. C'est son point de vue certes, mais ca rejoint certaines pratiques qui ont eu lieu (et ont toujours lieu ?) dans certains quartiers de certaines villes de certains pays...

Le problème est le même qu’en Calédonie, ou ailleurs : le gouvernement leur donne des allocations qu’ils dépensent, pour beaucoup, dans l’alcool. D’autant plus facilement qu’ils ont une prédisposition a l’alcoolisme. Les aborigènes, comme d’autres peuples, sont saouls également très vite.
Un autre compagnon dans le parc a Bundaberg. Un opossum.


Sara et Bradley sont a la bière des le levé, a 6h du mat’. Je retrouve plus ou moins le même discours que chez certains kanaks, et cette même rancoeur. Ils me parlent de l'époque ou les colonisateurs, les "captain cook" comme dit Bradley, arrachaient les enfants de leur mère (le plus souvent des métis) et les envoyaient loin, très loin, a des milliers de km, dans un milieu blanc. Je ne développes pas, y’a wikipedia... Le père de Bradley fait parti de cette génération volée.


Il en a peut-etre ete question dans les medias en france, les australiens ont voté le 07/09 pour élire les membres du parlement fédéral. C’est le parti libéral qui a été élu, et qui remplace le parti travailliste. Ce dernier a paraît-il endetté le pays. La question qui apparaît dans les médias au lendemain de la victoire des conservateurs est classique : est-ce qu’ils pourront tenir leurs promesses ? Comme élément de réponse, je vous laisse cette citation du jour :

Photo prise a Yungaburra
La situation économique de l’Australie est relativement bonne d'après de nombreux témoignages que j’ai eu, a peu près épargnée par la crise qui frappe l’Europe et les US notamment. Rowan me disait que la terre de l’avenir, c’est l’Australie. “Europe is fucked up, the US is fucked up…”. De même que le Japon. Beaucoup l’ont dit, la Chine est un géant au pied d’argile, ils ont tellement de problèmes. Bref. “Fais les démarches pour immigrer” me disait-il… Personnellement, je ne sais pas quelle est la région du monde la plus opportune, même si c’est vrai qu’ici, c’est pas mal. Faudrait voir tous les elements, environnemantaux etc.

On peut sûrement trouver pas mal de choses sur l’Australie, mais je vous recommande la lecture de “Effondrement - Comment les sociétés décident de leur disparition ou de leur survie” de Jared Diamond. L’auteur analyse les raisons de la disparition d’une civilisation en prenant pour exemples les Vikings du Groeland, les Pascuans (île de Pâques), les Mayas. Il étudie ensuite certains pays contemporains, tel que la Chine et l’Australie. Un chapitre est également consacré au génocide rwandais. C’est très intéressant. Même si, concernant l’Australie, des critiques (objectives ? pas sûr) ont été émises a propos de la dégradation environnementale du pays.

* définition Backpackers : jeune de moins de 30 ans en général, australien ou étranger, voyant en voiture ou minivan la plupart du temps - c'est plus facile - et s'arrêtant plus ou moins longtemps travailler dans les fermes bien souvent, cen tant que fruitpicker, ou pour tout autre type de petits boulots). Certains restent un an au meme endroit, histoire de se faire un max de tunes